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Dans la forêt, Jean Hegland.


Dans la forêt de Jean Hegland est un texte d’une puissance inouïe. 

D’une énergie insensée. D’une force vertigineuse.

Je mets ma main à couper qu’il pourrait, si le besoin s’en faisait ressentir, déplacer les montagnes. 

Littéralement. 

Il se lit le sang dans les veines palpitant, l’âme au bord des lèvres, le regard plongé dans le lointain et les ongles dans la terre.

Il se lit comme se pourrait être lu un dernier livre. Dans un mélange d’urgence, de grâce et de délectation. 


*


Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses. 


*


Dans la forêt est un grand texte. Devenu classique du Nature Writing certes, mais débordant les limites du genre. Car le roman résonne d’une humanité profonde, d’une rage infinie, d’une intelligence hors-pair. C’est un livre charnel, sensuel, puissant. Répondant d’une narration parfaite, tenue de bout en bout. 

Le dernier tiers est magistral, tout simplement.


J’ai beau chercher, figurez-vous, je ne trouve pas d’adjectifs capables de qualifier le texte à sa juste mesure. 

Peut-être parce que c’est inutile. 

Dans la forêt est un torrent. 

Un torrent de montagne, de lave, d’émotion, que sais-je? 

C’est une force. 

Un cinquième élément. 

À jamais croissant. 



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