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J'ai toujours ton cœur avec moi, Soffía Bjarnadóttir.

  • Photo du rédacteur: loudebergh
    loudebergh
  • il y a 12 minutes
  • 3 min de lecture


Ne jamais sous-estimer les auteurs·ices islandais·es lorsqu’il est question de retour à la vie. Ils·elles sont probablement les seuls·es véritables maîtres·esses en la matière. 

« Ces derniers temps, j’ai pensé à la vie plus qu’à la mort. Un équilibre se recrée » écrit Hildur à la fin de J’ai toujours ton cœur avec moi, et peut-être pourrais-je reprendre ses mots à mon compte. Frappée au coin du cœur par la peur dans sa plus pure acception, relevée tant bien que mal le temps aidant, c’est pleine de vie et désireuse d’en injecter partout que j’observe le monde qui m’entoure aujourd’hui. Et l’émotion qui a été la mienne à la lecture de ce roman n’y est certainement pas étrangère. 


*


Phénix excentrique tant de fois ressurgi de ses cendres, Siggý n’est plus. Elle qui n’a jamais été là pour personne a légué à sa fille Hildur son mal étrange et une petite maison jaune sur l’île de Flatey.

Une lettre de sa mère pour seul viatique, Hildur s’embarque vers ce point minuscule perdu dans l’océan. Avec pour ange tutélaire l’homme aux yeux vairons. Et une foule de souvenirs sans pareils – les extravagances de Siggý et de son voisin Kafka, les mantras de grand-mère Láretta contre les idées noires, l’appel des phoques sacrés ou les fantômes de la rue Klapparstígur... Qui tous portent la promesse d'une singulière renaissance.


L’éditeur·ice ajoute : Comme une consolation venue d’ailleurs, J’ai toujours ton cœur avec moi est la belle chronique de ces quelques jours sans boussole – mélancolique, insolite et décalée.


*


C’est, je crois, la première fois de ma vie que la panne de lecture me tombe au coin de la figure. Depuis plusieurs semaines, j’abandonne tout ce qui se retrouve sous mes yeux. Je ne trouve d’intérêt à aucun texte, me lasse en une seule phrase à peine et n’arrive à me lover dans aucune vie autre que la mienne. J’ai eu beau tout essayer, tenter divers styles, lire des hommes comme des femmes, des textes ardus, d’autres légers, rien n’y a fait. Je ne parvenais à maintenir mon attention sur aucune phrase et lisais cent fois la même ligne avec l'impression de ne plus rien comprendre. 

Et puis je suis tombée sur J’ai toujours ton cœur avec moi. Un texte très doux, flottant comme le sont souvent les textes islandais. Un texte comme une perle, sans grand attrait de prime abord mais porteur d’une véritable lumière. 


« Même sur la plus noire de mes plages j’ai trouvé une fenêtre sur le monde. La mort m’a apporté une cabane colorée au milieu de l’océan, et la capacité à me languir de quelqu’un. Je n’en avais jamais eu la force. »

Certains·es disent « Je ne crois pas aux hasards ». 

Moi, je ne crois qu’à eux. Mais je ressens une joie infinie à donner du sens à leurs fruits. Et ce livre en fait partie. Poule et œuf à la fois, il est tombé à point nommé dans ce fragile retour à la vie. Et ce n’est pas pour rien qu’il m’a tant touchée. 


Outre la sortie de la torpeur psychique, c’est un texte qui dit la maladie mentale avec une subtilité, une poésie et une tendresse que je n’avais jamais lue. Et avec la rage aussi dont elle est le pendant, donnant à lire avec maestria, tout ce que ce mal peut détruire à jamais. 

J’ai toujours ton cœur avec moi, avec ses images sublimes allant de la plus folle étrangeté à la plus grande empathie, est couvert d’un charme magnétique. C’est un joyau qui ne paie pas de mine et c’est heureux : il reste un trésor minuscule dans mon cœur aujourd’hui joyeux. 

 
 
 

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Louise DE BERGH, Chardonne. 

loudebergh@gmail.com

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