« Un peuple qui perd le sens de sa naissance est un peuple qui perd le sens de son humanité. »
Il m’arrive souvent, en refermant un livre, de me demander
comment je pourrais vous en dire autre chose que:
Lisez-le!
Absolument.
Parce je suis éblouie par la grandeur, la précision et l’acuité du raisonnement qu’il porte et que je ne vois pas en quoi mes mots pourraient lui rendre hommage. J’ai même peur, parfois, de dire si mal que cela ne dissuade. De ne pas parvenir à exprimer toute l’étendue de ce que j’en ai tiré, la substance de ce que j’ai reçu. De ne pas arriver à rendre cet état de quasi émerveillement qui est le mien après quelques 300 pages exceptionnelles.
Prise de conscience, empowerment, admiration.
Dans L’accouchement est politique de Laëtitia Negrié et Béatrice Cascales, il est question, en vrac, du contrôle des corps des femmes, de la domestication de la reproduction, d’hypermédicalisation de la grossesse et de l’accouchement (source de violences et d’aliénation inacceptable), d’oppression de genre, de classe et de sexualité, de dépendance des femmes-mères à une institution médicale androcentrée, de déni collectif, d’intériorisation de normes sexistes, d’une reproduction de la soumission, de l’événement physique, psychiques symbolique et social que constitue l’accouchement, de patriarcat, de féminisme inclusif et de conciliation entre maternité et féminisme - un impensé jusque là.
Les trois précédentes vagues du féminisme, en effet n’avaient pas permis de penser l’émancipation des femmes autrement qu’en rejetant la maternité.
Mais que faire des femmes-mères? Ne font-elles pas, elles-aussi, bien partie de la classe des femmes? N’ont-elles pas, elles aussi le droit à être respectées et non violentées dans le processus du don de la vie? Instrumentalisées? Infantilisées? Considérées comme faibles, incapables, faillibles?
Car après tout « qu’est-ce que le féminisme sinon un tollé contre l’usage des femmes par les hommes »?
« Il s’agit là, par le biais de nouveaux rites, ici médicaux, de refabriquer le corps reproducteur féminin. On remplace les hormones sécrétées par spontanément dans le corps féminin par des hormones de synthèse, pour réduire la durée de l’accouchement. On entrave le processus physiologique de l’expulsion de l’enfant - en allongeant les femmes en travail, en ne leur permettant par de pousser quand elles en ressentent le besoin, ou en leur ordonnant de le faire dans le cas contraire, ou encore en les anesthésiant - pour le remplacer par une expulsion artificielle menée par des poussées dirigées, l’usage de forceps ou de ventouse, voire la pratique de l’épisiotomie, et parfois même le recours à la césarienne. Finalement, toutes les fonctions physiologiques opérantes pour accoucher sont neutralisées et recréées artificiellement. Le corps est ainsi refaçonné pour correspondre à de nouvelles normes d’enfantement qui privent les femmes-mères de leur statut de sujet, les contraignant à devenir totalement passives et dépendantes du corps médical. »
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L’accouchement est politique s’est imposé comme une référence majeure dans la visibilisation des violences gynécologiques et la critique de l’hypermédicalisation de l’accouchement, signant la fin d’un impensé féministe.
Ce traité sur l’appropriation institutionnelle du corps des femmes - mères ou non - est étayé par une analyse socio-historique, scientifique et des témoignages de terrain, livrant un regard à la fois inédit et sensible sur ces questions.
Déjouant les pièges de l’essentialisation et des assignations de genre, les autrices replacent l’accouchement et la maternité au cœur des luttes féministes contemporaines et invitent à leur alliance radicale, pour l’autonomie de la vie affective, sexuelle et reproductive.
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Je le citais en exergue, « Un peuple qui perd le sens de sa naissance est un peuple qui perd le sens de son humanité. »
En ce sens, la lecture de L’accouchement est politique de Laëtitia Negrié et Béatrice Cascales me semble fondamentale. Car nous sommes tous.tes, de près comme de loin, touché.e.s par ce sujet. Les violences que les femmes subissent ne doivent plus être intrinsèques à la condition de mère.
C’est une lutte commune que nous devons mener et une réunification féministe autour de la naissance.
Notre but: l’autonomie (réelle) de la vie affective, sexuelle et reproductive de l’ensemble des membres de la classe des femmes.
…
Et quitte à me répéter:
Lisez L’accouchement est politique!
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