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  • Photo du rédacteurloudebergh

L'orangeraie, Larry Tremblay.


Certains auteurs savent écrire les plus affolantes cruautés avec une douceur et une grâce inégalable.

Et l’on se demande bien comment.


Ils disent toute l’horreur du monde,

tout ce que les hommes commettent et font subir,

avec les mots de l’enfance,

des mots de coton.


L’effet est admirable,

le décalage immense,

et notre trouble, pas moins grand.


*


« Quand Amed pleure, Aziz pleure aussi. Quand Aziz rit, Amed rit aussi. »


Ces frères jumeaux auraient pu vivre paisiblement à l’ombre des orangers. Mais un obus traverse le ciel, tuant leurs grands-parents. La guerre s’empare de leur enfance et sépare leurs destins.

Amed, à moins que ce ne soit Aziz, devra consentir au plus grand des sacrifices.


*


L’orangeraie relève autant du conte moral que de la fable politique.

Dans une langue pure, précise, enfantine parfois, Larry Tremblay dit toute l’abjection de la guerre, la perte de sens, l’oubli de tout.

Il met des visages, des noms, des histoires, et des vies, sur les nombres et les faits. Il appose une couche de vérité sur la matérialité de l’existence. Revêt les chiffres d’un manteau de poésie. Grandit le réel. Repousse les murs de son espace.


Le texte est à la fois actuel et hors du temps. On ne sait ni où ni quand l’histoire se développe – on pense à l’Afghanistan, au Pakistan, là où la guerre semble ne jamais reprendre son souffle –, mais qu’importe. Les conflits ont le don de n’épargner personne. Quel que soit le terrain sur lequel ils s’ébrouent.


L’écriture est parfaite, la narration tenue.

Tendue.

La tension jamais relâchée.


L’orangeraie est une force brute à l’état pure, prisonnière d’un cocon de douceur. Elle est toute en contraste : lyrique et succincte. Brutale et bienveillante. Habitée et hantée.


On y parle de ce que l’humanité fait de pire,

Avec une délicatesse qui force l’admiration.

Un bijou.


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