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  • Photo du rédacteurloudebergh

La quatrième main, John Irving.


J’aime infiniment John Irving.

C’est très certainement l’un des auteurs dont j’ai lu le plus de romans : l’exceptionnel Monde selon Garp, le drôlatique Hôtel New Hampshire, l’admirable Œuvre de Dieu, la Part du Diable, l’inoubliable Prière pour Owen…

Je crois Irving doué du plus merveilleux des talents :

celui de donner à lire notre monde,

cruel et concupiscent,

à l’aide d’un feutre aux couleurs de l’arc-en-ciel.


Rien n’est jamais trop beau pour lui, trop loufoque, trop bigot.

Mais soulevez le coin de ses mots, relevez un pan de leur couverture : vous y trouverez la Vérité avec un grand V.


*


Patrick Wallingford fait un rêve : il est couché sur le ponton d’un lac vert émeraude et une femme à la voix sensuelle lui propose de retirer leurs maillots mouillés.

C’est qu’il est sous le coup d’un puissant analgésique, administré après qu’un lion lui a avalé la main gauche lors d’un reportage sur un cirque en Inde.

Inutile d’en dire plus, nous voilà emportés dans le sillage de ce candidat à la greffe, de son brillant chirurgien sauvé de l’anorexie par sa jeune bonne marathonienne, d’une maquilleuse mâcheuse de gomme et d’une sirène vêtue d’un sweat-shirt vert.


*


Comme toujours chez Irving, le résumé vaut son pesant de cacahuètes.

Ou d’or, c’est selon.

Et il n’est pas franchement nécessaire de préciser que l’on est rarement déçu une fois le livre refermé.


Un roman de John Irving, c’est la goutte d’eau qui remplit le vase, mais juste ce qu’il faut,

l’histoire qu’enfant, on aurait adoré entendre mille fois, la tête sur l’oreiller,

et le brin de magie capable de mettre le rose aux joues de la plus grise des étendues de tristesse.


Rien à voir cependant, avec les feel-good books qui remplissent les étagères de certaines librairies ! On ne fait pas de bonne littérature avec des bons sentiments comme disait l’autre, et John Irving fait assurément de la bonne Littérature !


« Sachez mener votre vie, leur disait-il, si vous avez déjà fait tout ce chemin, la carrière suivra toute seule. » Mais les étudiants en médecine ne sont guère au courant qu’on a une vie. Ils n’ont pas eu le temps d’en avoir une. »


Comme tous ses romans, La quatrième main a la finesse des plus grands et l’intelligence de la situation. Il a ce je ne sais quoi qui transforme certains livres en petits êtres ailés et miroitants qu’il fait bon croiser au moins une fois dans sa vie.

Et si je dois admettre que La quatrième main n’est peut-être pas celui qui, à l’instar du Monde selon Garp, restera gravé dans le ciel de ma mémoire,

il a su tomber à point nommé entre mes mains et faire son chemin dans les méandres de mon esprit errant.

J’y ai plongé avec délice et en suis ressortie revigorée.

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