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Photo du rédacteurloudebergh

Le joueur d'échecs, David Sala.


Dernier texte écrit par Stefan Zweig avant son suicide, Le joueur d’échecs est une dénonciation tendue et impeccable de la barbarie nazie.

Un texte devenu classique.

Lu et relu, dans les collèges et les lycées.


*


Souvent, et parfois de ce fait on l’avoue, les classiques se parent d’un manteau d’ennui. On les découvre au mauvais moment, trop jeune et mal luné.

Les livres : mal lus, tristement expliqués.

Cela nous défrise un peu, les plus téméraires s’accrochent, mais il faut l’admettre, on capitule assez vite. On les lit parce qu’il faut les lire, on pond à leur sujet une jolie fiche de lecture et l’on en ressort aussi vide que l’on y est entré.


Avec un peu de chance, on les redécouvre plus tard, au gré du hasard ou par l’entremise d’un ange gardien. Tout s’éclaire alors, notre front se déplisse, on a le sentiment d’avoir compris. On ne sait trop quoi, mais on en est certain : ce n’est pas pour rien que ce texte, que l’on dit classique, est encore lu, des dizaines - parfois des centaines - d’années plus tard.


*

Hier, cet ange gardien a pris la forme d’un bel album, emprunté à la bibliothèque :

Le joueur d’échecs de David Sala, d’après Stefan Zweig.

1941. Dans les salons feutrés d’un paquebot en route pour l’Argentine, le champion du monde d’échecs affronte lors d’une ultime partie, un aristocrate viennois, dont l’incroyable maîtrise du jeu est née dans l’antre de la tyrannie.


Au crayon et à la plume, avec de l’encre de Chine, de la peinture à l’huile et de l’aquarelle, David Sala donne naissance à des planches somptueuses.

Il parvient, avec une maestria indéniable à rendre l’immobilité du jeu, la tension du mouvement, la lourdeur de réflexion, l’angoisse de l’enfermement.


Chaque scène est plus réussie que la précédente, et l’ambiance, pesante et calfeutrée, est puissamment convoquée. Les gros plans, nombreux et éminemment cinématographiques, sont du plus bel effet. Ils disent tout des duels qui ont cours dans les esprits.


Le trait est parfaitement maîtrisé, et les couleurs admirables – j’ai adoré me perdre dans ces décors ouvragés.

Les fond des cases, qui reflètent l’état psychique des personnages en présence, sont des œuvres à part entière.


Bref, rien ne manque au tableau de ce merveilleux album, oscillant entre une modernité assumée et un petit rien superbement retro.

Pour notre plus grand plaisir.

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