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  • Photo du rédacteurloudebergh

Le roi n'a pas sommeil, Cécile Coulon.


L’écriture coule dans les veines de Cécile Coulon.

Subtile, âpre, tendue.

Elle s'imprime sur le papier avec l’évidence de la preuve et la vigueur du démon.

Comme une perle de sang venue mourir sur une page jaunie

pour former une tache sublime

et annonciatrice.


*


À quiconque s’interrogerait sur ce qu’est le style en littérature, je lui dirais de lire Cécile Coulon. Parce qu’aucune définition n’aurait plus grande valeur que ces quelques lignes, jetées à la page 33 de Le roi n’a pas sommeil :

« En classe, il s’installait à la troisième table en partant du fond, rang du milieu, à côté de Paul, un gamin qui sentait la lessive. Devant lui, quatre filles aux cheveux châtains, greluches en devenir, prenaient des mines effondrées quand Bubber leur rendait de mauvaises notes. À côté de la fenêtre, les frères Madison se mouchaient sans arrêt, persécutés par Dean et Marl, les deux boules de viande plantées au premier rang. »


Et lorsqu’à la page 49 j’ai lu : « Il y avait quelque chose de son père en lui, un mauvais sang qui roulait dans ses veines : l’écume avant l’orage », j’ai su que c’était exactement cela le style Coulon. L’écume avant l’orage.


Dès les premières lignes, les mots de l’écrivaine nous emportent et nous glacent. On le sent, il va se passer quelque chose. Quelque chose d’horrible. D’atroce. Nous voilà saisis au vol, tendus, tout à notre lecture, sentant en nous monter l’effroi (et l’admiration, cela va sans dire).

Cécile Coulon tient son récit avec la maestria des plus grands et l’aisance du funambule. Et elle prouve une fois de plus son talent de conteuse et de poète, capable de tous les mots-maux pour faire naître l’émotion. Sa puissance d’évocation n’est plus à démontrer et ses descriptions, capables de vous téléporter là où elle le souhaite.

Pile.

Là où elle le souhaite.


En compagnie de Thomas Hogan qui aura pourtant tout fait pour exorciser ses démons – les mêmes qui torturaient déjà son père. Mais quand a-t-il basculé ? Lorsque Paul l’a trahi pour rejoindre la bande de Calvin ? Lorsqu’il a découvert le Blue Budd, le poker et l’alcool de poire ? Lorsque Donna l’a entraîné naïvement derrière la scierie ?


Un petit bijou de tension et de style,

Une narration sauvage et incisive,

Pour un roman grandiose capable de remuer jusqu’aux tréfonds de notre âme.

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