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  • Photo du rédacteurloudebergh

Poupées, Éléonore Pourriat.


Les histoires les plus épouvantables ont parfois l’art de se draper dans les plus beaux récits,

de s’y dissimuler,

pour s’épanouir pleinement et semer autour d’elles leur lot de cauchemars et d’angoisses.


Elles sucent le sang de leur victime sans que personne ne s’en aperçoive,

leur horrible sourire s’élargit,

les voilà prêtes à se repaître de terreur et de sidération.


Et comme toujours, on ne les voit que trop tard.

Beaucoup trop tard.

Une fois la vie ravagée, le sang sucé, le cœur anéanti.


*


Joy rencontre Stella en 1986. Elles ont quinze et seize ans, la même silhouette, les mêmes nattes brunes, la même passion pour David Bowie. Ensemble, elles partagent tout. Les soirées Dallas avec la grand-mère de Joy, les nuits à faire le mur pour aller danser au Fantasia, les vacances à Long Island…

Pourtant, après deux années idylliques et un dernier été, Stella disparaît sans un mot. Trente ans plus tard, Joy n’a pas oublié. Et elle veut comprendre.


*


Poupées explore un thème aussi rare qu’essentiel et fondateur : les amitiés adolescentes, leur force, leur immensité.

Celles qui marquent une vie. Des vies.

De Paris aux États-Unis, des années quatre-vingt à nos jours, Éléonore Pourriat nous entraine dans une quête de vérité urgente où l’on découvre que les deux versions d’une même histoire peuvent être irréconciliables.

Car pour se sauver soi-même, sans le savoir, on sacrifie parfois ceux qu’on aime le plus.


L’autrice, Éléonore Pourriat, également scénariste, actrice et réalisatrice, a une voix, indubitablement.

Puissante, envoûtante, romanesque.

Pas une seule seconde n’ai-je songé à lâcher le roman après l’avoir entamé. Je pressentais la merveille et le chaos réunis en quelques 230 pages, je n’ai pas été déçue.

L’histoire de Joy et de Stella m’est allée droit au cœur. Littéralement. Ma gorge s’est serrée, mon ventre aussi. Et ma respiration s’est bloquée.

Étais-je bien en train de lire ce que je lisais ?

Ce qui se déroulait sous mes yeux, sur ces pages, était-ce bien réel ?

Serais-je capable d’aller jusqu’au bout de ce récit ?


Mais la narration, menée d’une maîtresse main, était tenue, tendue, sur le fil,

la langue, exceptionnelle de vérité,

et le style, terriblement épris de justesse.

Alors je suis allée jusqu’à la fin, la rage au cœur, les larmes au bord des yeux.

Parfois, il est du rôle des auteurices de porter la plume dans la plaie.

Ce qu’Éléonore Pourriat a fait avec un talent manifeste.







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