Assise aux côtés de ma chienne,
les joues baignées de larmes,
je referme Son odeur après la pluie.
Je plonge la main dans les poils roux de son encolure, mes doigts tressaillent.
Assoupie depuis un moment, je la vois soulever une paupière et fixer mon visage ravagé.
Est-il possible de pleurer autant sur quelques trois cents pages cornées?
Mais je suis certaine qu’elle comprend.
Car entre ces pages, il y a tout ce qui nous lie. Et tout l’amour du monde.
Il y a l’histoire d’un homme et de son chien,
et celle de tous les humains qui ont un jour choisi de vivre avec un canidé.
Là réside l’Amour.
Celui qui déploie et grandit.
Celui qui déplie la vie et lui donne toute saveur.
Là est l’essence même de le beauté.
L’incommensurable. L’extraordinaire. L’ineffable.
*
C’est une histoire d’amour, de vie et de mort entre un homme et son chien. Un bouvier bernois, Ubac, qui, en même temps qu’il grandit, prend une place toujours plus centrale dans les jours du narrateur. Certaines pages, Ubac pue le chien, les suivantes, on oublie qu’il en est un, et l’on observe ces deux êtres s’aimant tout simplement. Un amour mystérieux qui se passant de mots, nous tient en haleine. Une vie intense, inquiète et rieuse où tout va plus vite et qu’il s’agit de retenir. Et la mort dont on ne voudrait pas mais qui donne à l’existence toute sa substance.
Reste ce fichu manque. Ces griffes que l’on croit entendre sur le plancher et cette odeur, malgré la pluie, à jamais disparue.
Nul besoin d’être converti pour partager ces treize années d’une vie commune. Cette histoire est universelle.
*
Merci, Cédric Sapin-Defour, d’avoir raconté cette histoire, votre histoire et votre amour.
Merci d’avoir mis des mots sur ce que je pensais indicible,
légitimant ce en quoi je crois, envers et contre tout, depuis qu’il y a six ans, ma vie s’est vue augmentée d’une chienne nommée Dona.
Merci d’avoir clamé haut, si haut, l’amour qu’un être et un chien peuvent se porter,
et, dans une si belle langue, donné à sentir la transcendance de cette grâce infinie.
J’ai pensé à vos mots lorsqu’en remontant dans la voiture, après une marche en forêt, ma fille de trois ans a dit: « Ça sent l’chien ici! ».
Oui ça sent le chien et c’est heureux. Cela veut dire qu'on est ensemble. Tous les cinq. Qu’il y a des poils et de la boue sur les assises, de la bave sur les dossiers des sièges-auto, des traces humides sur les vitres et un museau ravi dans le rétroviseur.
Là est la vie, l’amour et la plus douce des existences.
Pour cela aussi, merci.
Sublime 🥹