Le Dernier Amour d'Attila Kiss, Julia Kerninon.
- loudebergh
- il y a 49 minutes
- 2 min de lecture

Toujours chercher le familier lorsque le désespoir guette.
Ne pas hésiter à se pencher vers l’étranger aussi – cela réveille.
Et si l’on parvient à débusquer l’inouï dans le connu, nous voilà bien en veine.
Comme je l’ai été en plongeant, tête la première, dans les pages du Dernier Amour d’Attila Kiss de Julia Kerninon.
Semaine du 12 mai 2025. Je vis une nouvelle panne de lecture.
La troisième depuis un moment. Ressenti : 3792.
Trois ou quatre textes entamés, plusieurs langues défrichées, aucun roman capable de me faire dépasser la moitié. Mon cerveau en capilotade, mon attention en berne.
Voilà que je ne reconnais plus l’infatigable lectrice que je suis.
Les livres normalement, ça ne me tombe pas des mains, ça reste accroché à mes doigts comme une mésange à sa branche
qu’il pleuve qu’il neige qu’il vente.
Panne de lecture donc, disais-je. Retour aux fondamentaux pour conjurer le sort. Et aux auteurs.ices que l’on porte aux nues : Julia Kerninon devant tous.tes pour ma part.
Le seul de ses textes qu’il me restait à découvrir était ce Dernier Amour d’Attila Kiss. À peine 130 pages, de quoi rassurer mon esprit en goguette.
*
À cinquante et un ans, après avoir abandonné sa femme, sa maîtresse et ses trois filles, Attila Kiss vivote d’un boulot de nuit dans une fabrique de foie gras. La rencontre fortuite dans un café de Budapest avec Theodora Babbenberg, Viennoise de vingt-cinq ans, et l’histoire d’amour qui s’ensuit vont bousculer tous ses schémas. Car tout sépare Attila de Theodora, ennemie héréditaire puisqu’autrichienne, riche fille de l’Ouest au père célèbre chanteur d’opéra. Pourtant, les voilà irrémédiablement séduits l’un par l’autre.
L'éditeur ajoute:
À travers l’histoire romanesque d’un couple « a priori » impossible, Julia Kerninon décrit avec beaucoup de subtilité les mouvements de l’amour quand celui-ci n’est pas seulement une passion mais d’abord un art de la guerre : la considération des forces en présence, la mémoire historique des conflits, la conquête de l’altérité, la reddition.
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Et comme à chacune de mes lectures de l’autrice nantaise, la magie a opéré. Une fois encore, j’ai été transportée. Dans un pays, une langue, l’architecture d’un texte. Une histoire, un propos, une pensée.
C’est toujours l’infinie précision de la langue de Julia Kerninon qui m’émerveille. Ces phrases d’une apparente simplicité qui tiennent d’un bout à l’autre avec une intelligence folle. Ces mots posés les uns à côté des autres avec une grâce inouïe. Cette façon de déplier une pensée dans les gestes de ses personnages, de tracer les contours d’une philosophie derrière le commun, le banal. C’est fin, c’est puissant, c’est maîtrisé.
Et c’est beau. Très beau. Le Dernier Amour d’Attila Kiss donne à lire des personnages vrais, tendres, présents. Des êtres de chairs, de pensées, de raison. Des êtres tendus vers la vie, prêts à vous sauter au visage, comme les petits morceaux de littérature qu’ils sont, grandioses et désœuvrés.
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