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  • Photo du rédacteurloudebergh

Une mort très douce, Simone de Beauvoir.


Splendeur que ces quelques 150 pages rassemblées.

Car narrer la mort d’une mère,

avec tant de rage, de tristesse et de beauté,

seule Simone de Beauvoir le pouvait.

Il fallait dire l’indicible, renouer les liens abîmés, se débrouiller avec les remords, et tenter de continuer, malgré tout. Il fallait faire avec l’ambiguïté, la colère et l’animosité. Les rancœurs passées, les incompréhensions et les silences.


Ne pas bâtir une éloge, voilà ce que Simone de Beauvoir a réussi.

Raconter ces six semaines de souffrances, d’horreurs et de mensonges, sans rien n’omettre, ni glorifier. Sans embellir, ni chercher à grandir.

Porter la plume dans la plaie, comme l’on dit, ni plus ni moins.


J’ai souvent ressenti dans mes chairs la griffe des mots de Beauvoir. Leur à propos. Et leur justesse. Je les pensais écrits pour moi. J’y lisais une vérité qui aurait pu être la mienne. Un cheminement. Un regard.


*


« Penser contre soi est souvent fécond ; mais ma mère, c’est une autre histoire : elle a vécu contre elle-même. Riche d’appétits, elle a employé toute son énergie à les refouler et elle a subi ce reniement dans la colère. Dans son enfance, on a comprimé son corps, son cœur, son esprit, sous un harnachement de principes et d’interdits. On lui a appris à serrer elle-même étroitement ses sangles. En elle subsistait une femme de sang et de feu : mais contrefaite, mutilée, étrangère à soi. »


La langue de Simone de Beauvoir est pure. Précise. Chirurgicale. Elle ne dit rien, montre tout, évoque, donne à sentir, suggère.

Seules ces qualités permettent à un tel texte de devenir autre chose qu’une éloge funèbre bercée d’illusions et de bons sentiments.


*


« Je sais maintenant ce qui l’en empêchait : elle avait trop de revanches à prendre, de blessures à panser pour se mettre à la place d’autrui. Dans ses actes, elle se sacrifiait, mais ses émotions ne la sortaient pas d’elle-même. D’ailleurs, comment aurait-elle tenté de me comprendre puisqu’elle évitait de lire dans son propre cœur? »


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