Je n’ai jamais été particulièrement attirée par la bande dessinée.
Je reconnais avoir de graves lacunes dans ce domaine, mais jusqu’ici, cela ne m’avait jamais vraiment chagrinée. Je vivais une très belle histoire d’amour avec mes romans, des pavés de préférence et ce, depuis ma plus tendre enfance.
Mais depuis que j’ai l’immense chance de travailler dans une (merveilleuse) bibliothèque,
que c’est par centaines que les livres passent entre mes mains et que je suis confrontée à leur superbe diversité,
je me dis que ce manque d’intérêt n’est franchement pas légion.
Il y a tant de merveilles, tant de surprises entre les pages des albums édités aujourd’hui que j’aurais bien tort de rester sur mes acquis et ne pas aller voir ailleurs le temps de changer d’avis.
Je commence ma nouvelle vie de découvreuse de BD par l’exceptionnel volume de Pénélope Bagieu : Culottées.
Sous-titre : Des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent.
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Les Éditions Gallimard présentent ainsi l’ouvrage :
Guerrière apache ou sirène hollywoodienne, gardienne de phare ou créatrice de trolls, gynécologue ou impératrice, les Culottées ont fait voler en éclat les préjugés.
Quinze portraits de femmes qui ont inventé leur destin.
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Et c’est absolument brillant, somptueux, admirable et piquant. Pince-sans-rire au possible, terriblement fin, absolument indépassable.
J’ai dévoré le premier volume en quelques heures, fascinée par la force du trait, la beauté du dessin et l’intelligence du propos.
J’avais l’impression d’entendre la voix de Pénélope Bagieu derrière les mots de ces femmes puissantes.
Car qui d’entre nous connait réellement l’histoire et la destinée de Clémentine Delait, femme à barbe, Lozen, guerrière et chamane, Delia Akeley, exploratrice, Tove Jansson, peintre et créatrice de Trolls ou Wu Zetian, Impératrice chinoise ?
Toutes ont pourtant fait l’histoire, bouleversé le cours des choses, soutenu, élevé et fait grandir autour d’elles. Toutes ont fait preuve de ténacité, d’ambition, d’intelligence, d’intransigeance, de grâce et de passion.
Toutes se sont affirmées.
Et toutes ou presque ont méthodiquement été effacées, oubliées, « réduites ».
Sous la plume et le pinceau de Pénélope Bagieu, elles retrouvent une voix, une force, une grandeur et nous obligent.
Nous n’avons plus le droit de les flouer, de les minimiser.
Ni elles ni aucune autre femme.
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