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  • Photo du rédacteurloudebergh

Elle a menti pour les ailes, Francesca Serra.


Un livre saisi un peu par hasard,

Sur une étagère, à la bibliothèque.

Un épais roman au sujet duquel je ne savais rien,

Cela ne m’intéressait pas.


Je l’avais pris,

tout simplement.

Avais fait biper ma carte à l’accueil,

puis fourré dans mon sac,

Coincé entre deux petits livres en carton destinés à ma fille.


En rentrant, je l’avais posé sur la table du salon,

pour le laisser mûrir un peu.


Et puis un jour est venu le temps,

Je l’ai senti, il était prêt.

Alors je l’ai ouvert.

Pour ne plus le refermer.

 

Le synopsis pourtant, ne payait pas de mine :

Au milieu des années 2010, dans une petite ville du sud en bord de mer, Garance, la fille sans histoire d’une professeure de danse, regarde le monde sur son écran. Et le monde la regarde.

À part se prendre en photo, il n’y a rien à faire ici. Jusqu’au jour où elle attire l’attention d’un cercle très fermé d’adolescents plus âgés. Pour l’intégrer, elle est prête à tous les sacrifices. En échangent, ils l’initient au secret, à l’art de l’ennui, à la férocité de la meute.

Quelques mois plus tard, Garance disparaît.

 

Je vous le disais, cela ne paye pas de mine et pourtant…

C’est la fresque de toute une génération, héroïque et charnelle, que Francesca Serra dépeint avec vigueur et justesse entre les pages de son premier roman. Le tableau d’une adolescence aussi furieuse que cruelle. Sublime. Terrible.

Mauvaise. Parfois.

Souvent.


Parce que si le harcèlement scolaire n’a pas d’époque, il a trouvé en celle-ci son plus fidèle destrier. Et c’est bercée par un anonymat de façade, cachée derrière des écrans à la lumière bleutée, que sa meute de chiens enragés par une vie trop étriquée se révèle sous son jour le plus implacable.

Prête à tout pour faire tomber,

Celui ou celle qui a vu ses faiblesses étalées,

Au vu et au su de tous,

Sur la place publique de l’adolescence,

Cet enchevêtrement de réseaux que l’on qualifie de sociaux.


Et c’est à vous glacer le sang. La peau, la moelle, les os et tout le reste.

Elle a menti pour les ailes est un roman aussi sublime que nécessaire. Capable de vous happer dès les premières lignes, de vous capturer en terrain conquis pour vous entrainer loin, très loin de ce que vous pouviez imaginer. Un roman désespérément bien écrit, moderne, foisonnant, terriblement juste et infatigablement subtil. Une narration tirée au cordeau, tendue, sur le fil. Dotée de la fluidité et de l’aplomb des livres pour les adolescents et de la grandeur des romans que l’on dirait « sociaux ».


Et s’il parle d’un temps que les plus de dix-sept ans ne peuvent pas connaître, on ne peut que remercier Francesca Serra de lui avoir consacré quelques 500 pages,

car il était grand temps de le voir faire son entrée en Littérature.

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