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  • Photo du rédacteurloudebergh

Lune de papier, Mitsuyo Kakuta.

Dernière mise à jour : 6 nov. 2021


Souvent, il suffit d’une étincelle,

d’un rien,

D’un tout.

De ce qui fait qu’un roman nous emporte, nous grandit et nous émeut.

De ce qui fait le sel de centaines de pages desquelles on attend tellement.


Mais parfois, l’étincelle bafouille, le sel manque et le bât blesse.

Et c’est le cas de Lune de papier de Mitsuyo Kakuta, un roman qui, bien que passablement intéressant et inspiré d’une histoire vraie d’une apparence des plus alléchantes, s’est révélé terne, froid et inabouti.


C’est en lisant ce genre de roman que l’on réalise le pouvoir qu’ont certains autres. Ceux qui nous ont émus aux larmes, nous ont fait rire et ont enchâssé dans notre cœur des images inoubliables.

Ceux qui ont fait un peu de ce que l’on est,

et ceux qui nous ont marqués au fer rouge pour ne plus jamais nous quitter.


Mais tous n’ont pas ce pouvoir. Ils ont un début, une fin, une intrigue plaisante et une capacité plus ou moins certaine à captiver leurs lecteurs, mais il leur manque l’essentiel : la passion.

Lune de papier me semble en être l’exemple type, la quintessence.

C’est le roman désincarné par excellence.

*


Voilà ce que la quatrième de couverture annonçait pourtant :

"Mariée depuis peu, Rika tente avec beaucoup d’humilité de correspondre à l’image qu’elle se fait du bonheur conjugal, mais ne tarde pas à percevoir l’inélégance de son mari.

À cela la jeune femme ne voit qu’une parade : réintégrer le monde du travail pour assumer ses propres dépenses, être relativement autonome et retrouver un semblant de vie sociale. Dès lors, elle prépare un examen qu’elle obtient haut la main et entre dans une banque où il lui est rapidement attribué un poste de responsable de clientèle. Rika s’attelle ainsi à la gestion de produits d’épargne un peu particuliers, puisqu’il s’agit de les vendre exclusivement à des personnes âgées dont elle doit gagner la confiance à l’occasion de visites régulières, et toujours à domicile.

Quand un jeune homme la croise chez son grand-père, Rika a déjà basculé dans une véritable addiction. Bien loin d’être une héroïne hollywoodienne, cette femme ordinaire est néanmoins sur le point de mettre en place l’une des plus importantes escroqueries de l’époque. "


Et les Éditions Actes Sud terminent le résumé ainsi : "Avec une férocité saisissante, Mitsuyo Kakuta explore les effets de la société japonaise sur la psychologie du féminin. Capables de briser le carcan du quotidien, de sauter de l’autre côté de leur vie pour échapper au renoncement, ses créatures sans faille apparente sont inoubliables car effroyablement proches de nous."


*


Inutile peut-être de le préciser mais, vous l’avez compris, je ne suis pas du même avis.

J’ai trouvé Rika, le personnage principal, terriblement ennuyeux, vide et plat. Presque énervant.

Sans doute était-ce volontaire de la part de l’autrice – montrer un personnage dénué de toute désir et de toute volonté propre – mais cela ne m’a pas du tout convaincue. Un protagoniste auquel il est impossible de s’identifier, même un minimum, est à mon sens raté. Rien ne l’émeut, rien ne l’atteint, Rika semble totalement indifférente à la vie.

Et les quelques autres personnages, censés raconter les faits d’un autre point de vue, se sont révélés absolument inutiles, n’apportant rien, s’enchainant sans véritable fil conducteur et disparaissant sans crier gare ni causer le moindre désagrément.


Et le sujet ! Certes, il s’agit d’un roman sur l’argent, ses pouvoirs et ses travers,

Et sur la société consumériste au sein de laquelle il règne en maître,

mais il semble cantonné à cela, incapable d’aller au-delà du simple constat.

Lune de papier est en fait un roman purement descriptif qui se refuse d’aborder ce que ces sujets cachent et sous-tendent, l’argent n’étant bien souvent qu’un prétexte.


Je termine néanmoins sur une petite note positive : le roman de Mitsuyo Kakuta est intéressant en ce qu’il nous permet de découvrir tout un pan de ce que la société japonaise avait de plus sombre il y a quelques années. Il est écrit agréablement et se lit avec fluidité et plaisir.


À vos stylos et vos claviers donc ! Je serai ravie de me voir contredite !





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