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  • Photo du rédacteurloudebergh

Ton absence n'est que ténèbres, Jòn Kalman Stefànsson.


Il est des romans écrits pour que l’on ne les lise pas.

À proprement parler si, bien sûr,

mais il est des livres écrits pour être goûtés,

savourés,

aimés, littéralement.

Ceux de Jòn Kalman Stefànsson, dont vous connaissez, depuis, l’amour que je leur porte – tous, sans exception – sont de ceux-là.

Capables d’aller fouiller dans les tréfonds de notre âme pour en faire émerger la plus douce des poésies.

Ils ont cette aura magique, insondable, inimitable qui fait d’eux des objets de lumière, des lanternes dans nos vies, des flambeaux placés sur notre route pour nous guider.


*

Tout commence par la mémoire perdue d’un homme, égaré dans un village des Fjords de l’Ouest. Sous la plume de Jòn Kalman Stefànsson, sa quête se transforme en un puzzle romanesque extraordinaire. Les récits se croisent, se perdent ou se répondent, nous chevauchons les époques, les lieux et les existences. Qui est-il, et qui sommes-nous ? Comment aimer, comment mourir ?


*


À chaque fois que les premières neiges dessinent leurs contours sur les cimes des montagnes qui bordent le lac Léman, je ressens le besoin de retrouver les mots de Jòn Kalman Stefànsson. Parce que l’hiver arrive et qu’il est le seul à savoir mettre les mots sur ce que je ressens à cette période : l’impatience de voir le monde se replier, dans la chaleur du foyer, la tranquillité des nuits qui semblent infinies, la douceur du silence dont le matin est emprunt.

Aussi, lorsque de ma fenêtre, j’ai vu les sommets commencer à se couvrir d’un manteau blanc, j’ai su qu’était venu le temps de plonger entre les pages du dernier né de l’auteur islandais : Ton absence n’est que ténèbres.


« Celui qui est capable de trouver de nouveaux surnoms pour Elvis est toujours le bienvenu chez moi, avait répondu Elìas – et je n’ai pas osé refuser son invitation. Pourtant, je n’ai pas envie de compagnie. La compagnie est une chose en général largement surestimée. »


Comme pour tous ses précédents romans, il faut accepter de lâcher prise. Car l’auteur nous emmène où bon lui semble :

les lieux et les époques s’enchevêtrent, des personnages qu’une centaine d’années sépare parfois se répondent et les souvenirs mènent une bien curieuse danse.

Il y est question d’hommes, de femmes et d’enfants, naissant, vivant, aimant et mourant dans un fjord perdu dans le nord de l’Islande, et d’un auteur amnésique chargé de raconter leur histoire.


Au travers de ce que la vie compte de plus anodin, de plus banal somme toute, Jòn Kalman Stefànsson nous donne à voir et sentir l’Universel, toucher du doigt l’amour dans sa plus pure acception, le bonheur, la détresse et la difficulté de vivre parfois. Il met des mots sur ce que l’on peine à exprimer – à comprendre même souvent –, nous montre toute la complexité de l’âme humaine et pose devant notre visage un miroir de vérité.


Le résultat est, comme à chaque fois, splendide de grâce, de poésie et de lumière.

Et si vous acceptez de vous laisser porter un instant, il est possible que ce soit le monde entier que vous regardiez différemment une fois le livre refermé.

Il est possible que se retrouve, comme un morceau de tissu accroché à votre cœur, un désir chevillé au corps de ne plus lire que ses mots.


« Heureux celui dont le cœur est une vieille jeep remplie de chiens frétillants – le cœur est rouge lui-aussi, est-ce que sa couleur s’affadit également en traversant les tonnes de neige que l’existence entasse autour de lui ? »


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