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Vie de Gérard Fulmard, Jean Echenoz.


Quel drôle de roman !

Du pur Echenoz, pour celles et ceux qui connaissent déjà son verbe.

Une étonnante découverte pour moi, qui jamais n’avais laissé mes yeux s’attarder entre les pages des romans de ce brillant écrivain maintes fois primé.


Quel drôle de roman, donc !

Empli d’absurde et de rebondissements,

de mensonges et de tromperies,

de poésie et de cadavres.

J’y ai même trouvé çà et là quelques cheveux de Boris Vian.


Une écriture exceptionnelle, maîtrisée et drolatique,

des personnages aux patronymes délicieux et caricaturaux à souhait,

une succession d’évènements s’apparentant davantage à des apartés de l’auteur qu’à de véritables péripéties,

et les Editions de Minuit tout de même!

le tout cuisiné en un simulacre de polar d’une précieuse légèreté.


En effet, la carrière de Gérard Fulmard n’a pas assez retenu l’attention du public. Peut-être était-il temps qu’on en dresse les grandes lignes.

Après des expériences diverses et peu couronnées de succès, Fulmard s’est retrouvé enrôlé au titre d’homme de main dans un parti politique mineur où s’aiguisent, comme partout, les complots et les passions.

Autant dire qu’il a mis les pieds dans un drame. Et croire, comme il l’a fait, qu’il est tombé là par hasard, c’est oublier que le hasard est souvent l’ignorance des causes.


« Cela va faire six jours que je veille à mon poste de travail meublé par une armoire métallique étroite, les deux fauteuils de ma mère face à mon bureau derrière lequel, dans un troisième trouvé sur un trottoir, je sieds. J’sieds tout en feuilletant les magazines de mes voisins, une fois roulés en boule leurs emballages translucides qui peuplent seuls, momentanément veux-je croire, ma corbeille à papier. »


S’il est à peu près certain que ce roman ne restera pas gravé dans ma mémoire comme nombre de ceux qui ont fait de moi la lectrice que je suis, je crois qu’il est absolument nécessaire

de continuer à mettre sur un piédestal les auteurs (et leurs livres) capables de nous procurer un tel plaisir de lecture, immédiat, vif et intelligent,

de continuer à encenser les écrivains aptes à nouer un brin d’absurde sur le mouchoir de nos vie,

en transformant le monde en un jeu dont ils ignorent eux-mêmes les règles.


Alors oui, Vie de Gérard Fulmard n’a rien de la grande saga romanesque tant aimée,

son protagoniste a tout de l’antihéros, du raté, du paumé, du terriblement commun,

son intrigue relève plus de l’art du loufoque que du scénario solidement bâti et intrigant,

mais quand le tout se trouve mené par une main de maître, orchestrant son roman pour le seul plaisir de la belle lecture,

on dit oui et trois fois oui et l’on se réjouit de découvrir les autres pépites crachées par la plume de Jean Echenoz.

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