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  • Photo du rédacteurloudebergh

Daimler s'en va, Frédéric Berthet.

Dernière mise à jour : 28 mai 2019


Il faut lire Daimler s’en va de Frédéric Berthet.


Il le faut parce qu’il y a le monde entier coincé au milieu de ses 120 pages.


Et que l’univers qui s’y cache n’a jamais été aussi beau, aussi pur, aussi lumineux.


Il le faut parce que chaque paragraphe mérite d’être inscrit au patrimoine mondial des paragraphes cultes.


Et qu’on y parle de pigeons comme jamais on n’a parlé de pigeons.


Parce que la grande Littérature se cache aussi là, entre les pages d’un si petit roman, aux abords si anodins.


Parce que tu ne peux pas te cacher derrière le fait que tu « n’a pas le temps de lire » : il te faudra deux heures à peine pour en venir à bout. Mais lis bien, avec application. Car c’est beau.


Parce qu’il faut sans cesse se placer du point de vue de l’absolu pour tenir le coup et ne pas se faire avoir.


Parce que ce roman est un absolu,


de la poésie à l’état pur.

Un doux remède à la mélancolie.


« Dans le même ordre d’idée, Daimler décide d’envoyer plusieurs lettres de félicitations à plusieurs organismes officiels, mais en s’adressant à eux comme le ferait un Peau-Rouge.

- Chère Electricité de France…

Ou :

- Chère Banque nationale de Paris…

Ce projet le satisfait à tel point qu’il ne le met pas à exécution. »


Parce qu’un homme triste n’est pas toujours triste en réalité. Tout est question de point de vue. Et de chronologie.


Parce qu’il est exquis d’esquisser un sourire à la lecture d’un bon mot.


Parce que parfois, Daimler rêve qu’il est poursuivit par un œuf au plat géant.


Il faut lire Daimler s'en va parce qu'on y découvre que le suicide n’est pas toujours un acte de désespoir. Non, ce peut être une magnifique preuve d’ouverture d’esprit.


Parce que le mot cocasse doit être réhabilité,


qu’un roman écrit sous la forme de fragments épars est absolument délicieux,


Et qu’on y rencontre des psy voleurs de photos et des magnétiseurs tordeurs de fourchettes.


« Pour son vingt-septième anniversaire, Daimler se sape comme un prince, et décide de s’offrir un dîner somptueux dans un grand restaurant. Il commence au bar et imagine qu’il est un touriste d’un pays lointain. Ce qu’il y a de bien, réfléchit Daimler, c’est de dîner seul, au fond. Le soir de son anniversaire, ajoute-t-il. Il prend la carte que lui tend le maître d’hôtel. Ce qu’il y a d’extraordinaire, réfléchit Daimler, c’est qu’il va me suffire de prononcer le mot asperges, par exemple, pour que cinq minutes après on m’apporte la chose. Voici un bon, un excellent rendement du langage. »


Parce que c’est drôle et triste à la fois, subtile, tout en retenue.

Rien de retenu.


Que c’est absurde souvent, et que l’absurde est un pansement pour les cœurs malades.


Et parce que la tête de Daimler est pleine de lumière. Et que j’aime à pense que toutes les nôtres le sont aussi. Peut-être devrions-nous juste regarder plus souvent le monde avec ses yeux, avec son cœur.

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