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Photo du rédacteurloudebergh

La sage-femme d'Auschwitz, Anna Stuart.


Il n’y a parfois pas de mot, pour dire ce qui fut. L’innommable. L’inimaginable. L’horreur dans sa plus pure acception.

Il n’y avait pas de mot et pourtant : Anna Stuart en a trouvés.

Elle les a écrits. Et a raconté.

L’histoire romancée (très peu) de Stanislawa Leszczyńska, sage-femme envoyée à Auschwitz en 1943 et ayant aidé plus de 3000 femmes à donner naissance à leurs enfants.

Des enfants voués à une mort certaine.

Dans des conditions aussi abjectes qu’inhumaines.


*


Lorsqu’elle arrive à Auschwitz, sous un ciel bas et gris, Ana est persuadée qu’elle ne survivra pas à l’enfer du camp. Mais elle possède une compétence que les nazis recherchent: elle est sage-femme. Son travail sera de donner naissance aux enfants des autres prisonnières.

Une mission terrible car, dès qu’ils ont poussé leur premier cri, les nouveau-nés sont arrachés à leurs mères et (s’ils ne sont pas tués immédiatement) donnés à des familles allemandes. Malgré la détresse de ces femmes à qui on vole leurs bébés, Ana essaie d’apporter un peu de réconfort autour d’elle.

Et puis un jour elle réalise qu’elle peut faire plus. Secrètement, elle commence à tatouer les petits avec les numéros de déportées de leurs mères. Une lueur d’espoir dans ce monde d’une infinie noirceur : et si un jour, après l’horreur de la guerre, grâce à ce petit geste, ces enfants et leurs mères pouvaient se retrouver?


*


J’ai été littéralement glacée d’effroi tout au long de ma lecture. Terrassée. Endeuillée. Ravagée.

J’ai senti la colère gonfler mes veines, le dégoût emplir ma gorge et la tristesse lézarder mon front. Comment avait-on pu en arriver là?

Comment la bêtise des hommes avait pu les conduire à ce niveau d’atrocité?

Comment pouvait-on infliger de telles souffrances à des bébés? À des jeunes mères? Et à des enfants?


Je ne remercierai jamais assez Anna Stuart de s’être emparée de ce sujet, d’avoir mis en mot cette histoire. Elle est nécessaire.

Comme il est nécessaire que tout un chacun continue inlassablement à lire sur ce qui fut, pour que jamais,

jamais,

l’innommable ne refasse surface.

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