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  • Photo du rédacteurloudebergh

Les filles de Roanoke, Amy Engel.


Heureusement que cet après-midi-là, la plus âgée de mes filles était chez ses grands-parents. 

Heureusement que la plus jeune avait décidé qu’une sieste de trois heures lui ferait le plus grand bien. 

Heureusement que j’avais devant moi du temps,

le temps.

Celui de lire,

 des heures durant, 

et de dévorer d’un seul tenant - ou presque -  Les filles de Roanoke d’Amy Engel. 

Heureusement que toutes les conditions se trouvaient réunies, 

car je n’aurais pas pu arrêter ma lecture, ne serait-ce qu’un instant. 

À peine osais-je envisager lever les yeux que mes entrailles se tordaient et mon esprit mordait. Je devais avancer, 

coûte que coûte, 

avancer plus loin dans cette histoire 

glaçante et monstrueuse. 


*


Tout le monde admire les filles Roanoke. Elles sont belles, jeunes, riches et vivent avec leur grands-parents au milieu du Kansas, dans un immense domaine noyé par le soleil. Leur vie semble si douce… Pourtant Camilla, Penelope, Eleanor, toutes les filles de la lignées ont connu des fins tragiques. Il y a quelque chose de pourri au royaume des Roanoke.


Et l’éditeur ajoute: 

Plongée étouffante au cœur des relations troubles d’une famille d’aujourd’hui, Les filles de Roanoke est un véritable page Turner atmosphérique et haletant. Amy Engel distille avec talent le poison des non-dits, dans la lignée des grands-romans de Joyce Carol Oates. 


*


Les filles de Roanoke sont venues clôturer une période d’errance livresque. Je ne cessais de commencer et d’abandonner des romans, incapable d’y trouver un quelconque intérêt, désespérée par la langue que j’y découvrais, insensible à tout ce qui tombait entre mes mains. 

Et puis un matin, alors que je rangeais un livre dans les rayonnages de la bibliothèque dans laquelle je travaille, j’ai fait tomber notre exemplaire des filles de Roanoke. Je ne l’avais jamais vu avant ce jour. Sa couverture m’a immédiatement interpellée et la lecture de sa quatrième a terminé de me ferrer. 

J’étais prise au piège, incapable de ne pas m’y plonger.


Et cela faisait longtemps, je dois dire, que je ne m’étais pas sentie aussi pleinement vivante entre les pages d’un livre. 

Sidérée, terrifiée, anéantie. 

À mesure que j’avançais dans l’histoire, ma poitrine s’obstruait, mes poumons manquaient d’air, mon ventre s’emplissait de tremblements. Sous mes yeux, entre mes mains: les tréfonds de l’âme humaine, son infinie noirceur, le glauque poussé à son paroxysme…et la plus pure des lumières.


J’avais là une intrigue captivante (et encore, le mot est faible!) portée par une écriture tout en contrastes: saturée d’ombres, de couleurs, de pudeurs et d’obscénités, de chaleur et de glace, d’amour et de cruauté. 


J’ai été terrifiée, parfois. Mal à l’aise souvent. Ébahie, tout du long. 

L’adolescence y était narrée comme jamais, le besoin d’autodestruction porté d’une maitresse main, l’ambiance gothique écrasée par le soleil subliment rendue. 


Les filles de Roanoke est une histoire aussi monstrueuse qu’exceptionnelle, impossible à quitter une fois entrée dans les méandres de sa mécaniques implacable. L’autrice nous plonge dans un maelström de culpabilité, manipulation, détresse affective et explore avec brio les difficultés à briser les tabous et se reconstruire. 


Un chef d’œuvre!

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