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  • Photo du rédacteurloudebergh

Moi, Tituba sorcière..., Maryse Condé.


Dire de Maryse Condé qu’elle est une incroyable conteuse est galvaudé. 

Personne, aujourd’hui, ne remet en cause ce talent qui était le sien. 

Elle avait ce don de raconter des histoires – grandioses, immenses –, 

de forger des personnages inoubliables, 

et de donner force à leur bras et tendresse à leurs larmes. 


Il n’est pas donné à toute le monde une telle habileté.

À peine a-t-elle jeté ses filets, que nous voilà pris·e au piège.

Ferré·e. Capturé·e et captivé·e par la grandeur de son récit. 

La langue est pure, simple et limpide. Le sang chaud et la peau fébrile. 


Sous-jacente, dissimulée dans les méandres d’une histoire palpitante : une force. 

Un volcan. 

Un boucan. 

Assourdissant. 


Et la rage en bouclier, l’amour en fer de lance.

Celui de la chair et du mot. 

De l’histoire et de la passion. 


*


Fille de l’esclave Abena violée par un marin anglais à bord d’un vaisseau négrier, Tituba, née à la Barbade, est initiée aux pouvoirs surnaturels par Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts. 

Son mariage avec John Indien l’entraîne à Boston, puis au village de Salem au service du Pasteur Parris. C’est dans l’atmosphère hystérique de cette petite communauté puritaine qu’a lieu le célèbre procès des sorcières de Salem en 1692. Tituba est arrêtée, oubliée dans sa prison jusqu’à l’amnistie générale qui survient deux ans plus tard. Là s’arrête l’histoire. 

Maryse Condé la réhabilite, l’arrache à cet oubli auquel elle avait été condamnée et, pour finir, le ramène à son pays natal, la Barbade au temps des Nègres marrons et des premières révoltes d’esclaves. 


*


Moi, Tituba sorcière… est un voyage. Dans un ailleurs, un passé, un oubli. 

C’est une réhabilitation aussi libre que généreuse. L’histoire magnifiée d’une femme au destin tragique, l’amertume en étendard, parée d’injustices. 


C’est une ode à la liberté, celle du corps et celle de l’âme. 

Un hymne à la résilience, un chant de guérison. 

C’est une complainte amoureuse bercée par le roulis des ruisseaux sillonnant la Barbade, une symphonie rayonnante, lumineuse, aussi luxuriante que la végétation de l’île aux mille visages.

C’est un embrasement. Une flamme.

Crépitante,

et décoiffante. 

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