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Reste, Adeline Dieudonné.

Photo du rédacteur: loudeberghloudebergh

J’ai entamé Reste d’Adeline Dieudonné avec un brin d’appréhension. Les premières pages ne me plaisaient pas franchement, je m’interrogeais :

L’autrice allait-elle réellement réussir à tenir la longueur ?

Faire un roman entier à partir d’un si bref synopsis – une femme ne parvient pas à accepter le décès accidentel de son amant lors de leur dernier week-end et s’embarque dans un road-trip de six jours avec le corps de celui-ci – ?

Nous entrainer une nouvelle fois dans une de ces histoires haletantes dont elle a le secret ?

J’avais beau avoir lu quelques bonnes critiques, je n’étais pas pleinement convaincue.


Il ne m’a néanmoins pas fallu beaucoup de temps pour changer mon fusil d’épaule. Très vite, j’ai senti le récit s’accélérer, la sidération m’étreindre, l’envie de connaître la suite m’envahir. Je tournais les pages à toute vitesse, prise au piège, émerveillée.

Tout le talent d’Adeline Dieudonné résidait , au creux de ces pages déchirantes de folie.


*


« Je ne suis pas certaine d’avoir pleinement saisi ce qui m’est arrivé, ni ce qui m’a conduite à agir comme je l’ai fait. Certains matins, tout me semble limpide. À d’autres moments, je me vois comme un monstre, une créature que je ne reconnais pas, qui m’aurait possédée à un moment de vulnérabilité. Mais je crois que cette image vient du regard des autres.

J’ai fait ce que je pouvais.

Il n’y a pas de morale à cette histoire. Tout ce que je sais, c’est que je vous dois les faits. Je vais donc m’attacher à les relater pour vous, et sans doute aussi pour moi, avec toute la précision dont je suis capable. Ils m’emmèneront sur des territoires obscurs, dans les marécages de ma conscience et, pour quelques secondes encore, contre la peau de M. »


*


Délire post-traumatique ? Folie pure ?

Je n’y ai vu qu’un amour absolu.

Capable de déplacer des montagnes, de rayer de la carte le reste du monde, d’oublier les contingences et les obligations.

Je n’y ai vu qu’une femme incapable de se séparer de l’homme qu’elle aimait.

Incapable d’envisager, ne serait-ce qu’une seconde, la vie sans lui.

Incapable de laisser d’autres mains toucher son corps et le lui prendre.

Je n’y ai vu que beauté, grandeur, incandescence.


Il faut le reconnaître, Adeline Dieudonné est une autrice étonnante. Loin des écrivain·es qui, toujours, parution après parution, donnent à lire le même roman, elle nous livre des récits infiniment différents les uns des autres.

Chaque fois, elle brille par un choix de forme unique et originale. Pour ce troisième roman, c’est au prisme de deux lettres envoyées à l’épouse de l’amant de la narratrice qu’Adeline Dieudonné nous fait découvrir cette histoire.

Il s’en dégage une pureté indéniable, une dignité et une grâce infinie.


C’est parfois cru, sordide, sauvage même, mais une étrange lumière en ressort. Quelque chose relevant plus de la lueur bleutée et fébrile que du franc éclat, mais une aurore définitivement pénétrante. Capable de s’imprimer sur notre rétine, danser au fond de notre œil et faire vibrer notre cœur fiévreusement.



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