Je ne porte pas les romans à thèse dans mon cœur. Je les vois arriver de loin,
tonitruants, avec leurs gros sabots et leur morale en étendard.
Je suis gênée. La littérature ne devrait pas servir de propos.
Elle ne doit rien, d’ailleurs.
Elle ne peut qu’être.
Exister en tant que telle.
Comme une architecture langagière, l’expression d’un regard, de la grandeur d’une histoire.
Aussi, quand je me suis attelée à la lecture de Soufi, mon amour d’Elif Shafak, j’avais quelques doutes.
Et j’ai passé l’entièreté de ma lecture à me les voir confirmer : je n’aime pas les romans à thèse. Je les trouve un rien grossiers, peu à propos et généralement pleins de stéréotypes.
Soufi, mon amour, ne faisait pas exception.
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Après quarante ans d’une vie confortable, Ella n’imaginait pas un jour changer sa destinée. Engagée comme lectrice, elle découvre un manuscrit retraçant la rencontre au XIIème siècle du poète Rûmi avec le plus célèbre derviche du monde musulman. C’est la révélation. Transcendée par cette histoire, elle s’initie au soufisme et à la splendeur de l’amour… »
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Pourtant, je l’ai lu d’une traite — 500 pages ou presque en Poche, un petit pavé tout de même. Chaque jour, je me disais : cette fois, j’arrête. Pas la peine de continuer, j’ai compris le truc.
Pourtant, tous les après-midi, alors que mes filles faisaient la sieste à mes côtés, je reprenais ma lecture là où je m’étais arrêtée. Comme prise par la nécessité de ne pas en manquer une ligne.
Au cas où, me disais-je.
Je reconnais avoir eu grand plaisir à découvrir la philosophie soufi, la Turquie du XIIème siècle et les débats qui l’agitait alors. Et si je n’ai trouvé aucun intérêt à la partie « actuelle » du roman, celle donnant à lire l’histoire d’amour entre Ella et Aziz (nian nian au possible, mièvre, cul cul la praline et datée), j’ai aimé le « roman dans le roman » qu’elle faisait naître, le contexte passionnant qui s’épanouissait sous mes yeux, les mille et une réalités apprises.
Aussi, je ne peux que faire émerger un bilan on ne peut plus mitigé. Soufi, mon amour est un roman à thèse péchant par excès de zèle, plein de personnages mièvres et indolents et porté par une écriture sans grand intérêt. Mais il comporte quelques belles pages historico-sociales, et plusieurs points non dénués d’intérêt sur un plan purement intellectuel.
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