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Encabanée, Gabrielle Filteau-Chiba.

  • Photo du rédacteur: loudebergh
    loudebergh
  • il y a 24 heures
  • 3 min de lecture

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Je crois que nous avons toutes et tous besoin de piqûres de rappel. D’une petite voix qui nous murmure à l’oreille : pssst, regarde autour de toi, prends le temps qui t’ait donné, éteins-moi ce téléphone, regarde la rivière qui coule en contrebas, tes enfants jouer dans ses méandres, lâche ta voiture, ton boulot, les mille et une choses dont tu remplis ton agenda pour … pour quoi ? 

Souffle, observe, pense, mange, dors, fais l’amour, lis, pense encore. Médite sur ce qui fait le sel de la vie. 

Et s’il était temps de se retrouver ? 


Encabanée de Gabrielle Filteau-Chiba a été ma piqûre de rappel en ces temps survoltés de rentrée scolaire. Elle a mis une pièce dans la machine (déjà bien huilée) de l’acquise à la cause que j’étais – mais qui l’avait quelque peu oublié en route.

Cela ne tient peut-être pas à grand chose de changer du tout au tout.

De voir la vie autrement, plus simplement. 

De savourer la rusticité et la lenteur. 

De préférer les sens aux sensations, les animaux aux hommes. 

De goûter chaque aube comme une promesse, 

chaque minute comme une once de beauté. 


*


Lassée de la vie citadine à Montréal et de la course effrénée à la consommation, Anouk part s’isoler dans une cabane rustique au Kamouraska. Là, elle affronte seule un hiver plus que rigoureux, les corvées d’eau et de bois, la survie dans un environnement glacé. Sans jamais donner de leçon, elle évoque son rude quotidien, mais aussi les merveilles de cette nature vierge et silencieuse. Sauf lorsqu’un train de marchandises passe au loin… deux fois par jour ! Accompagnée de littérature et de poésie québécoises, livres laissés par de précédents occupants, elle nous livre – parfois inspirées par un peu d’herbe… – ses pensées les plus intimes, sous forme d’un journal dont l’écriture nous fait presque entendre son accent, nous transportant sans artifice dans une autre réalité, un confinement volontaire. Et viendra la rencontre, inattendue... 


*


De ce chant, Gabrielle Filteau-Chiba a fait un manifeste. Une ligne de conduite, une politique. De cette expérience est née une femme boréale, prête à tout pour mener le combat, sans arme, dans la sagesse de Thoreau : planter des arbres par milliers, semer des fleurs, vivre de sa terre, faire de celle-ci un espace protégé pour la faune et la flore. Une terre en friche, libre de pousser, de fleurir, de grandir en paix. 

Dans la forêt, Gabrielle Filteau-Chiba a trouvé le sens de sa vie. 


« J’aurais voulu trouver les mots justes pour décrire ma chair de poule de petite fille assise à la fenêtre devant cette danse de bienvenue chez toi, grande femme boréale. Il n’y avait pas de mots assez souples et multicolores. Que toutes les courbes de ma route avaient comme unique dessein de me mener ici pour survivre à un hiver froid, mais couronné d’étoiles et de perles de sagesse, je ne saurais le dire avec certitude. Destin ou non, les couleurs de cette nuit blanche ont réveillé en moi une palette d’espérance, bien plus que tous les amants du monde. J’ai eu envie de peindre. D’épuiser mon encrier. J’en ai oublié la hantise du froid. J’acceptais enfin mon sort, sans voir mon ermitage comme un échec, et l’hiver me sembla chaque jour plus doux, plus lumineux, plus riche en apprentissages. Enfin, j’avais découvert le sens à ma vie de féministe rurale : me dévouer à la protection de la nature, corps et âme. Le printemps fertile n’était pas bien loin. »

Encabanée, c’est une centaine de pages à peine, mais une bouffée d’air dans ce monde de brutes. Une ode poétique et politique à la terre, au ciel, à la neige et aux astres. Aux femmes et aux hommes qui en peuplent sa surface aussi, pour autant qu’ils aient fait le choix de l’aimer, de la contempler plutôt que de la détruire par bêtise ou appât du gain. 

 
 
 

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Louise DE BERGH, Chardonne. 

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