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À la folie, Joy Sorman.

  • Photo du rédacteur: loudebergh
    loudebergh
  • il y a 8 heures
  • 2 min de lecture

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J’ai hésité un instant à ne pas vous parler de ce livre. Le laisser dans l’ombre de ma mémoire comme tant d’autres textes lus que je ne chronique pas ici. Et ce, parce que j’ai d’abord envisagé À la folie comme un cas d’étude : ce livre était destiné à augmenter ma connaissance en la matière pour retravailler mon troisième roman. Je l’ai donc entamé comme on commence une fouille : va-t-en guerre, légère et fleur au fusil.


Et puis j’ai avancé dans ma lecture. Lentement. Soulignant certaines phrases, des paragraphes entiers parfois, subjuguée par leur justesse. J’ai alors réalisé qu’À la folie n’était plus seulement un sujet d’étude. Il était devenu une lecture – un engagement, actif et émancipateur – qu’il me fallait vous partager.  


*


Durant toute une année, Joy Sorman s’est rendue au pavillon 4B d’un hôpital psychiatrique et y a recueilli les paroles de ceux que l’on dit fous et de leurs soignants. De ces hommes et de ces femmes aux existences abîmées, l’autrice a fait un livre dont Franck, Maria, Catherine, Youcef, Barnabé et Robert sont les inoubliables personnages.

À la folie est le roman de leur vie enfermée. 


*


Regarder toute la folie des hommes et des femmes de l’extérieur, 

la regarder droit dans les yeux, cette folie coincée entre quatre murs,

la regarder de l’extérieur mais parvenir malgré tout à la saisir magnifiquement : voilà ce qu’a réussi à faire Joy Sorman dans À la folie.


J’ai trouvé une acuité dans le regard de l’autrice, une finesse de perception, un engagement dans le regard qui m’a saisie. Car si les pathologies sont nommées, expliquées, sublimées, elles sont aussi explorées comme des possibilités pour les patients.es qui les porte, des dons, des sources de puissance et d’agentivité. 


Certaines phrases m’ont traversée. Je les ai d’abord détricotées pour ma petite étude personnelle et puis je m’en suis emparée. Comme des clés de compréhension pour un réel que je côtoie de près. J’y ai compris beaucoup de chose, en ai laissé résonner des dizaines d’autres.

 

Car Joy Sorman ne se contente pas de décrire – magnifiquement – un quotidien, des réalités, la psychose ou la mélancolie incarnées, elle réfléchit sur le sens : sociétal, politique. Et sur ce que ces symptômes toujours sont, des morceaux de résistance flottant au gré du vent. 


« Ce jour-là j’ai compris ce qui me troublait. Peut-être moins le spectacle de la douleur, de la déraison, du dénuement, que cette lutte qui ne s’éteint jamais, au bout d’un an comme de vingt, en dépit des traitements qui érodent la volonté et le sens de la défaite, ça ne meurt jamais, c’est la vie qui insiste, dont on ne vient jamais à bout malgré la chambre d’isolement et les injections à haute dose. Tous refusent, contestent, récusent, aucune folie ne les éloigne définitivement de cet élan-là. »  

 
 
 

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Louise DE BERGH, Chardonne. 

loudebergh@gmail.com

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