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  • Photo du rédacteurloudebergh

Hiver à Sokcho, Élisa Shua Dusapin.


Hiver à Sokcho d’Élisa Shua Dusapin est un petit roman absolument parfait.

Mystérieux, évanescent, infiniment précieux.

Il est l’œuvre d’une styliste hors-pair que j’avais découvert dans Vladivostok Circus, une femme à la plume terrifiante de grâce, d’agilité et de sensibilité.


*


À Sokcho, petite ville portuaire proche de la Corée du Nord, une jeune femme rêve d’ailleurs dans une pension modeste. Chaque jour, elle cuisine pour les rares visiteurs venus s’isoler du monde. L’arrivée d’un français, auteur de bandes-dessinées, vient rompre la monotonie de l’hiver. Ils s’observent, se frôlent, et à mesure que l’encre coule, un lien fragile naît entre ces deux êtres aux cultures si différentes, en quête d’absolu.


*


J’ai été emportée par la douceur de ce premier roman, son humilité et sa poésie. Pas un mot de trop ne vient en alourdir les pages, tout est suggéré, évoqué, déposé avec délicatesse sur le papier brûlant. Et pourtant, on sent que chaque phrase est pesée et mesurée. Que rien n’est laissé au hasard de l’instant, livré à la facilité.

Le résultat a quelque chose à voir avec l’essence même de la Littérature. Il est la définition faite roman de la magie que constitue l’art de poser les mots l’un à côté de l’autre.


J’ai aimé la sobriété de l’œuvre, ses personnages sur le fil, prêts à basculer à tout instant, dans la folie ou la mort. L’effet est si puissant, si radical, qu’il m’a plusieurs fois laissée pantoise, sidérée, presque repue d’admiration. Qu’il soit possible de dire tant de chose avec si peu de phrases, de laisser libre le lecteur d’interpréter, de vivre et de comprendre, m’a littéralement transcendée.

C’est là qu’il faut aller, me suis-je dit à plusieurs reprises, vers ce point qu’il faut tendre.


Et si je me souviens avoir trouvéVladivostok Circus un brin désincarné, j’ai été impressionnée par la présence presque physique des personnages de son Hiver à Sokcho. Les scènes culinaires, particulièrement réussies, donnent au roman une matérialité exceptionnelle, entre appétit et dégoût, fascination et répulsion,

et celles liées au dessin entrainent le lecteur dans les méandres enchanteurs d’une splendeur hypnotique.


Une réussite pleine et entière à découvrir de toute urgence !


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