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  • Photo du rédacteurloudebergh

Kérozène, Adeline Dieudonné.


Les critiques ont été aussi nombreuses que peu amènes avec Kérozène, le deuxième roman d’Adeline Dieudonné. Vous me direz, c’était difficilement évitable après l’immense succès qu’avait constitué La vraie vie trois ans plus tôt.

Et s’il est certain qu’entre les pages de ce deuxième livre je n’ai pas ressenti la tension (phénoménale) qui régnait dans La vraie vie (roman addictif, implacable, irréprochable), j’ai retrouvé dans Kérozène l’écriture savoureuse d’Adeline Dieudonné – vive, urgente et sans concession.


*


Une station-service le long de l’autoroute, une nuit d’été. Sous la lumière crue des néons, dans les odeurs d’essence et d’asphalte, quelques tables en plastique jaune délavé.

23h12. Ils sont quinze à se croiser, si on compte le cheval et le cadavre planqué à l’arrière d’un gros Hummer noir.

Une minute encore, et tout bascule…


*


Il va sans dire que l’architecture romanesque de Kérozène pèche un peu.

On a le sentiment que l’autrice a – assez artificiellement – agrégé ses meilleures nouvelles pour en faire un roman. Comme s’il suffisait de créer quelques liens, si ténus soient-ils, entre des personnages pour donner naissance à un texte romanesque.

De fait, la fin du livre – rassemblant toutes ces solitudes – assez étrange, trop rapide et un peu bâclée laisse, coincé dans la gorge du lecteur, un sentiment de malaise mêlé d’incompréhension.

Tout ça pour ça ? me suis-je surprise à penser un instant en refermant l’ouvrage.


Pourtant, je dois reconnaître que chacune des « nouvelles » de ce roman choral m’a enchantée. Il y a de l’absurde, du trash et de l’audace.

Adeline Dieudonné décortique les rapports de domination, les logiques de prédation, la férocité de la réalité économique qui sous-tend notre monde. Il y a des corps, des odeurs, des pulsions, du sexe et de l’humour. De quoi ravir nos instincts les plus bas et satisfaire nos papilles échaudées.


Au micro de Nicolas Julliard (RTS), l’autrice explique :

« Il y a une dimension cathartique dans mon écriture. Ces univers complètement barrés, sordides, permettent de mettre le réel à distance, de s'évader. Et en même temps, il n'y a que du réel là-dedans ».

On ne peut qu’être d’accord.


Kérozène ne pouvait tout simplement pas être aussi réussi que La vraie vie – la barre était trop haute, l’objectif inatteignable, mais était-ce vraiment le but ? Un deuxième roman doit-il nécessairement être lu au regard de ce que l’auteur·ice a commis auparavant ?

Pas sûre.

Une chose est certaine cependant : Adeline Dieudonné a de l’encre dans les veines et du papier autour du cœur. Suivons-la, il y a des chances que ses pas nous emmènent dans les plus glorieux tréfonds !

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