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Photo du rédacteurloudebergh

L'homme que je ne devais pas aimer, Agathe Ruga.


Agathe Ruga maitrise l’art des titres. Son premier roman, Sous le soleil de mes cheveux blonds, avait mis la barre très haute à ce sujet.

Avec L’homme que je ne devais pas aimer, elle a récidivé.


Agathe Ruga maitrise l’art de la narration :

celle de sa vie qu’elle met en scène sur les réseaux sociaux depuis des années,

celle de ses lectures qui l’ont rendue incontournable dans le milieu,

et celle de ses failles (certainement la plus passionnante de toutes) qu’elle livre tambour battant dans ses romans.


Agathe brille, scintille, sourit.

Agathe est brillante, passionnante, magnifique et sexy.

Agathe nous confronte à notre pâleur, nos doutes et notre médiocrité.

On peut s’en émouvoir, on peut s’en énerver, on peut même critiquer.

Mais la véritable intelligence serait de reconnaître que cette femme a quelque chose :

Un talent indéniable, une plume ravageuse et un courage indépassable.


*


« Il y a un an, je suis tombée amoureuse comme on tombe malade. Il m’a regardée, c’est tout. Dans ses yeux, dans leur promesse et ma renaissance, j’étais soudain atteinte d’un mal incurable ne laissant présager rien de bon ni de fécond. Son regard était la goupille d’une grenade, un compte à rebours vers la mort programmée de ma famille. »


Ariane, heureuse en mariage et mère comblée de trois enfants, fait la rencontre de Sandro. Cette passion se propage comme un incendie et dévore peu à peu les actes de sa vie. Ariane est en fuite. L’amour pour son mari, l’attention à son entourage, à la littérature dont elle a fait son métier, sont remplacés par des gestes irrationnels, destinés à attirer l’attention d’un quasi-inconnu. Quels démons poussent Ariane vers cette obsession adolescente ? Quels pères, quelques hommes de sa vie ce jeune roi de la nuit ressuscite-t-il ?


*


Agathe Ruga compte certainement parmi celles qui font de de l’autofiction un genre d’une grandiose efficacité et d’une sidérante grandeur.

Comme elle l’exprimait dans le podcast La Page Blanche, d’Émilie Deseliène,

elle n’a pas fait tout ça, pas vécu tout ça, pour se réfugier dans la fiction.

Là-dessus, rien à redire :

Ariane (qui est Agathe) n’a peur de rien. Elle se roule dans la fange, s’égosille et se tourne en ridicule. Elle n’a plus peur de rien, dit tout de la passion qui la ravage et la détruit.

Sans rien omettre.

La pudeur n’est plus qu’un vilain mot, inutile, abscons presque. Quand on a décidé de se mettre à nu, on n’y va pas avec le dos de la cuiller. On se salit les mains et la réputation, on joue avec les peurs et les démons et l’on se moque autant de la morale que de la raison.


Et si la féministe que je suis ne peut s’empêcher de trouver fort peu « déconstruite » cette foudroyante passion, je ne peux que m’incliner devant la façon qu’a Agathe de la raconter. Avec fougue, vérité, incorruptibilité. Le rythme est hypnotique, le roman impossible à lâcher, l’écriture impeccable. Elle respire tellement la vraie vie comme diraient les enfants que j’ai plusieurs fois été obligée de fermer le livre et reprendre mon souffle.


C'est en somme une formidable autofiction que nous avons là sous les yeux,

et à l'origine de ses lignes, une femme à la voix incroyablement puissante.

Une belle réussite, une fois de plus!



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