La colonie, Annika Norlin.
- loudebergh
- il y a 12 heures
- 2 min de lecture

Ouahou !
(Je pèse mes mots)
Ouahou !
Encore.
Quelle expérience que cette lecture !
– oui, lire La colonie d’Annika Norlin est une expérience en soi. Un condensé d’émotions, de vie, d’intelligence et de finesse. Un pur jus comme qui dirait, immensément drôle, infiniment triste, plus juste tu meures.
La Colonie a tout d’une brique. Près de 600 pages, Plus d’un demi kilo.
De quoi s’étouffer avec me direz-vous.
Et bien non. Non seulement, pas un instant on ne s’étouffe, mais c’est plutôt dotés d’ailes calibrées pour la haute voltige que l’on ressort de ce texte.
En le commençant j’ai pensé : il me faudra bien trois semaines pour en venir à bout.
Et non encore.
Trois petits jours à peine parce que :
Impossibilité complète de m’arrêter
Admiration à chaque page renouvelée
Joie joie joie,
Chaque instant.
Cette lecture, cette lecture!
*
Emelie aime la pulsation de la ville, les foules, elle enchaîne sans compter les contrats et les soirées. Mais un jour, Emelie s’effondre. La jeune professionnelle se voit contrainte de partir s’isoler dans l’arrière-pays suédois. Se croyant déconnectée de tout, elle croise le chemin d’une communauté marginale, composée de sept individus aux destins déconcertants. Entre eux, ils ont inventé un système de gouvernance et des procédés d’autosuffisance. Ils récoltent, bâtissent, dansent, se baignent, dorment blottis sous Grand-Sapin. Comment diable ont-ils abouti dans cette vie insolite? Arrivée de l’extérieur, Emelie leur apporte une question redoutable : Sont-ils heureux ? La colonie propose, avec humour, intelligence et émotion, de faire l’expérience, par le biais de la fiction, d’une tentative d’émancipation collective.
*
Voilà une narration comme on n’en voit pas tous les jours. Foisonnante, rythmée, pleine de mille et une facettes.
Voilà des personnages géniaux, foutraques, perdus, ravagés et sensibles.
Voilà une langue pensée, libre, joueuse.
Voilà un récit somptueux, original, à 1000% grandiose.
Quelque chose qui touche juste – et, je ne pense pas me tromper, à même de toucher tout le monde. Parce qu’il y a tout ce que nous sommes, toutes et tous, entre ses pages. Tout ce que notre société bâtit, détruit, détraque et trafique. Tout ce qui fait que le monde est monde avec ses joies, ses peurs, ses crimes et ses bassesses. Avec sa lumière aussi, et ses taches sombres que l’on fait semblant de ne pas voir.
C’est l’âme humaine tricotée, détricoté, sur 600 pages. Ce sont des voix, des voies, des doutes. C’est la rage, le besoin de réparation, de nature, de vérité. Et la peur, tapie partout.
La colonie n’est pas seulement un roman, c’est une immense psychothérapie à plusieurs vitesses, le témoignage d’une intelligence émotionnelle rare et l’intensité des sagas.
Ce roman – qui sera publié pour la première fois en français le 3 septembre 2025 – a été couronné de nombreux prix littéraires en Suède. Traduit en quinze langues, il est devenu un véritable phénomène littéraire dans le monde nordique. Et c’est tout ce qu’on peut lui souhaiter ici : continuer à titiller, interroger, porter la plume dans la plaie. Regarder le monde autrement, rempli de ce que nous sommes, au plus proche de l’ici et maintenant.
Un très (très très) grand livre.
Bình luận