C’est un tout petit roman
arrivé dans ma bibliothèque par je ne sais quel hasard.
Un roman épistolaire sans prétention.
Un de ceux qui, une fois édité en Poche, se retrouve offert pour deux Livres de Poche achetés.
Un livre que je n’aurais probablement jamais lu.
Pourtant, après avoir tenté à plusieurs reprises de me plonger dans deux romans « plus conséquents », – sans succès, dois-je le préciser ? – ce très court texte m’est apparu comme une évidence.
Je devais le lire maintenant.
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Saviez-vous qu’en Israël on se servait des porcs pour pourchasser les terroristes ? D’abord parce qu’ils ont un flair hors du commun, ensuite parce que si un musulman touche un cochon, il se voit refuser les sept vierges au paradis. On y élève donc des cochons sur pilotis comme l’exige la loi afin qu’ils ne frôlent pas la terre sainte.
Que rêver de mieux comme personnage qu’Harry Rosenmerck, juif ashkénaze, cardiologue parisien qui a tout quitté pour devenir éleveur de cochons en Israël ?
Et puis il y a Moshe, un rabbin né pour le contredire. Il ne supporte pas cette dérive et encore moins qu’Harry arrondisse ses fins de mois en vendant de la viande impure aux restaus branchés de Tel Aviv.
David, le fils d’Harry, auteur de théâtre à succès, homosexuel, lui écrit aussi mais son père ne lui répond jamais, incapable d’imaginer son fils dans les bras d’un homme.
La fille d’Harry, Annabelle, quitte New York pour fuir un chagrin d’amour et va le retrouver ailleurs en chemin.
Et enfin son ex-femme, mère de ses deux enfants, qui se découvre un cancer et revisite leur histoire d’amour et ses zones d’ombre comme si cela pouvait l’aider à affronter la vie et son issue.
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L’autrice, Amanda Sthers ajoute, en quatrième de couverture :
C’est un roman sur les limites de chacun, sur les élans du cœur qui restent coincés dans la gorge, sur les instants qui passent et qu’on n’a pas su saisir.
Sur la petite histoire dans la Grande.
C’est un roman sans prétention, je le disais – quelques 170 pages, des dizaines de lettres échangées entre les protagonistes – mais un texte d’une formidable force. Je l’ai trouvé infiniment doux, fin et sensible, souvent drôle et toujours terriblement intelligent.
Le propos – qu’il s’agisse de la guerre ou de l’incapacité des êtres qui s’aiment vraiment à se parler – est troublant de justesse et les personnages, touchants et simples, n’ont rien de caricatural. Ils respirent l’humanité et transpirent le manque.
J'ai lu ce roman avec autant de surprise que d’avidité. Étonnée de me sentir plonger avec tant de facilité dans la mécanique implacable des lettres échangées. Il me fallait connaître la fin.
Celle-ci m’a émue aux larmes.
Les terres saintes d’Amanda Sthers est un petit bijou de grâce et d’intelligence,
un réel plaisir de lecture
un texte dont je me souviendrai.
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