Lucy in the sky, Pete Fromm.

Ouvrir un roman de Pete Fromm, c’est faire des rencontres. Des vraies. 

De celles qui vous changent complètement, ne se contentant pas d’effleurer votre âme, mais s’y déployant avec force et bonheur. 

Ouvrir un roman de Pete Fromm, c’est accoster des êtres vivants. Loin des figures de papier, des marionnettes couvertes de lettres noires, loin des personnages, somme toute. 

Car les êtres qui peuplent les romans de l’auteur américain ne sont pas des personnages. Ce sont des individus à part entière, prêts à vous ouvrir les bras : vrais, justes, pourris ou bons, ils sont la quintessence de l’humanité. Ils ont les veine remplies de sang et le cœur battant la chamade. 

À chaque fois l’effet est le même. Quelque soit le livre de Pete Fromm que je mets sous mes yeux. Je plonge. Dos droit, tête la première. Je souris un peu, serre une main ou deux. Et sans avoir eu le temps de dire ouf, me voilà au milieu des créatures qui en garnissent les pages. Incapable de relever la tête, incapable de les quitter ne serait-ce qu’une minute. 

Ils ont ce pouvoir là, les personnages de Pete Fromm : sortir du cadre, faire exploser la case, et sauter hors de la page. 

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Lucy Diamond, quatorze ans, file à toute allure vers l’âge adulte. Prise entre l’urgence de vivre et la crainte de devoir abandonner ses manières de garçon manqué, Lucy se cherche et joue avec l’amour. Elle découvre par la même occasion que le mariage de ses parents n’est pas aussi solide qu’enfant, elle l’a cru. Son père, bûcheron, est toujours absent. Sa mère, encore jeune, rêve d’une autre vie. Et Lucy entre eux semble soudain un ciment bien fragile. Armée d’une solide dose de culot, elle s’apprête à sortir pour toujours de l’enfance et à décider qui elle est. Quitte à remettre en question l’équilibre de sa vie et à en faire voir de toutes les couleurs à ceux qui l’aiment.

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Oh comme j’ai aimé cette Lucy ! Vivante, spontanée, libre et frondeuse. Indépendante, attachante et décalée. Riche d’une famille des plus dysfonctionnelles mais sacrément droite dans ses bottes. J’en suis tombée amoureuse voyez-vous. Je crois bien qu’une part de moi aurait aimé être cette adolescente voilà quelques années, sans peur et sans reproche, cette gamine au verbe haut, cette renarde (presque pas) apprivoisée. 

Dans un Montana balayé par les vents, au bord d’une rivière ou sur les hauteurs d’une place de jeux, c’est la peur au ventre et la joie au cœur que Lucy se lance dans cette vie qui débute et résonne si fort. Oscillant entre désirs d’indépendance et peur de tout perdre, Lucy découvre sa sexualité, s’amourache et grandit. Elle se déchire aussi, bataillant au jour le jour pour ne pas devenir ce que le destin lui hurle à l’oreille. 

Je crois n’avoir pas lu de si magistral roman sur l’adolescence depuis longtemps. Juste en diable, touchant, sombre et lumineux comme Pete Fromm a le don de les écrire. Avec Lucy, il a trouvé le moyen de donner à lire et sentir dans notre chair cette oscillation subtile et sublime entre le désir de ne jamais grandir et celui de brûler la vie par tous les bouts. Il y a chez l’auteur une vraie finesse dans la façon d’aborder la psychologie de ses personnages. Loins des stéréotypes, des manichéismes et des facilités de casting. 

Et cette narration ! De la haute voltige. Un rythme soutenu, un enchainement de péripéties digne des meilleures séries. C’est bien simple, Lucy in the sky sera le nouveau page-turner que je mettrai entre toutes les mains. Plus de 500 pages englouties en 3 jours, comme une évidence. Un besoin. Et malgré le mini bémol des toutes dernières pages que j’ai trouvées assez mal assorties avec le reste du roman, j’en redemanderai bien une petite rasade. 

Lucy in the sky est un roman lumineux, emporté et intelligent sur l’adolescence en ce qu’elle a de plus terrible et de plus doux. Un bijou.