Nous sommes faits d'orage, Marie Charrel.
- loudebergh
- 30 juil.
- 3 min de lecture

De Marie Charrel je n’ai entendu que des louanges. Et si je n’ai pas encore eu l’occasion de faire miens Les mangeurs de nuit et Les danseurs de l’aube, j’ai saisi celle de découvrir en avant première son dernier-né, à paraître le 20 août prochain. Il était sur la pile des service-presse reçus à la librairie dans laquelle je travaille. Sa couverture – sublime, s’il en est – m’a infiniment attirée, le synopsis avec, et je me suis dit : c’est peut-être le bon moment pour me plonger dans l’œuvre de cette autrice tant admirée.
Et puis j’aime les histoires de familles et de lignées. Celles tissées avec les fils du passé et du présent, chamarrées d’hier et d’aujourd’hui. Et c’est exactement ce que propose Nous sommes faits d’orage : un drame, des secrets, un retour aux sources, une quête.
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À la mort de sa mère, Sarah se voit remettre pour tout héritage les clés d’une bicoque aux confins du monde, et une consigne : "Trouve Elora". Direction l’Albanie, où elle découvre un village oublié, niché au cœur d’une montagne sauvage. Mais sur place, les locaux sont formels : Elora est morte il y a bien longtemps. Trois décennies plus tôt, alors que le régime despotique d’Enver Hoxha étend son joug jusque dans les campagnes, Elora et son ami Agon se font une promesse : tant qu’ils seront ensemble, tout ira bien. Mais alors que l’adolescente n’aspire qu’à mener une vie sans entraves, sa mère la gronde ; et si les hommes, eux, sont libres, ils ont également l’obligation d’appliquer la vengeance du sang. Elora enrage – à quoi bon être la fille de feu, comme on l’appelle au village, si c’est pour vivre prisonnière ? Sur son chemin vers la liberté, la jeune fille pourra compter sur l’aide d’un berger collectionneur de poèmes. Ses choix détermineront la vie d’une lignée de femmes, dont Sarah.
Les éditrices ajoutent : Marie Charrel entremêle les destins de cœurs indomptés, marqués par la tragédie, la puissance de la nature et le pouvoir des mots.
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Tout y est. Tout ce que j’aime, tout ce pourquoi je pense que la littérature doit être. Une langue fine, structurée et précise, une narration diablement bien fichue, une poésie réelle, une intrigue joliment ficelée, inscrite dans un contexte des plus passionnants.
Pourtant, je dois avouer qu’il m’a manqué le souffle.
Tout au long de ma lecture, j’ai eu le sentiment d’attendre quelque chose : un décollage. Une envolée. Un courant. Quelque chose capable de me mouvoir, de m’emporter. J’ai eu le sentiment d’un récit très intelligent, très beau, très fin, mais manquant de passion. Comme s’il n’était sorti que d’un cerveau et non de tripes.
Il n’empêche que je l’ai lu en quelques jours,
que passé le deuxième tiers, j’ai été saisie par l’envie insatiable de détricoter les fils de cette histoire touffue, d’aller au bout de cette épopée des âmes, des mœurs et des cœurs. Et si je n’ai réellement réussi à m’attacher aux personnages qui s’y déploient, je les ai trouvé vivants, justes et sensibles.
Et cette plongée dans le passé de l’Albanie ! Grandiose. Je l’ai découvert avec réel intérêt.
D’où mon trouble en écrivant ce billet. Suis-je passée à côté de ce texte ? Ne l’ai-je pas lu au bon moment ? L’ai-je un peu trop vite fait mien par nécessité de « lire la rentrée littéraire » ? C’est probable, et le manque de souffle venait peut-être de moi.
Je souhaite en tous les cas que ce texte trouve un écho autre autour de lui. Il reste le récit formidablement romanesque de destins hors du commun, sublimes et heurtés, inscrits dans un contexte historique glaçant.





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