Rouge feu, bell hooks.

Il est des vies comme des envolées.

Des décollages, des traversées. 

Il est des vies qui méritent d’être contées, 

parce qu’elles sont immenses, heurtées, soignées. 

Il est des vies qui permettent de comprendre : les avancées, les combats d’hier et d’aujourd’hui. Des vies qui disent haut et fort : regardez, tout cela, ces mots, ces idées, c’est parce que j’étais là. Parce que je me suis battue, aux côtés d’autres, 

avec et contre moi-même. 

Il est de vies qui pansent les blessures. 

Qui patiemment lèchent les plaies, et recollent des crevasses à la seule force de leur volonté. Il est des vies qui se doivent d’être lues – parce qu’elles ont été morceau de ciel bleu arraché à l’injustice et courage plein et entier. 

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Au moment où Rouge feu parait, bell hooks s’est déjà fait un nom dans le monde littéraire avec la publication d’une dizaine d’ouvrages, parmi lesquels Ne suis-je pas une femme?, écrit à l’âge de dix-neuf ans, et Noir d’os, le premier volume de ses mémoires. 

Dans Rouge feu, conçu comme la suite de Noir d’os, les collines du Sud cèdent la place aux bancs de Stanford : bell hooks poursuit brillamment son travail autobiographique en racontant son entrée à l’université, sa première grande relation amoureuses, les débuts de son militantisme dans une société raciste et patriarcale, et ses premiers pas en tant qu’écrivaine habitée par la passion. 

En chemin, il s’agira aussi d’évoquer la difficile conciliation de l’écriture avec la vie amoureuse, ou encore la quête d’une sexualité compatible avec la révolution féministe. Surtout : une femme, a fortiori une femme noire, pourrait-elle un jour devenir une grande écrivaine ?

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Rouge feu frappe par sa force narrative. En racontant sa lutte pour tracer sa propre route, trouver le chemin de l’amour et conquérir son indépendance, c’est tout le combat des femmes noires féministes pour la libération que bell hooks met en lumière. Et tout le courage qui fut le sien pour en être la porte-drapeau. Décidée coûte que coûte à suivre sa vocation pour les mots sans négliger ses plaisirs, ses doutes et ses victoires, elle nous dresse un portrait passionné et passionnant, à même d’éclairer toute son œuvre. 

J’ai été impressionnée par la ligne de son récit (courant sur deux volumes), la passion qui jamais ne la quitta, sa rectitude et sa force. Les dernier chapitres, comme une envolée, m’ont laissée pantoise d’admiration. 

Voilà qu’il ne me reste plus qu’à faire miens tous les textes de l’infatigable bell hooks.