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  • Photo du rédacteurloudebergh

Le pavillon des combattantes, Emma Donoghue.


Depuis que je me passionne pour le métier de sage-femme, je suis sans cesse à l’affût de beaux romans abordant, de près ou de loin, cette magnifique profession.

J’avais vu passer Le pavillon des combattantes d’Emma Donoghue lors de sa sortie, mais c’est en l’apercevant en Poche, il y a quelques jours, à l’entrée de ma librairie favorite que j’ai senti le besoin de le faire mien.

Et grand bien m’en a pris !

J’ai dévoré cette histoire en quelques heures, le cœur au bord des lèvres et l’âme collée à la rétine.


*


1918. Dublin est ravagé par la guerre et un nouveau mal s’abat sur l’Irlande. On l’appelle « la grande grippe », pas encore « espagnole », et l’épidémie fait rage, ajoutant la confusion au chaos. Placée à la tête d’une maternité de fortune, l’infirmière Julia Power l’affronte chaque jour en premier ligne. À l’aube de ses trente ans, alors qu’à l’hôpital on manque de tout, Julia se retrouve seule pour gérer ses patientes en quarantaine. Elle ne dispose que de l’aide d’une jeune orpheline bénévole, Bridie Sweeney, et des rares mais précieux conseils du Dr Kathleen Lynn – farouche indépendantiste.

Dans une salle exiguë où les âmes comme les corps sont mis à nu, toutes les trois s’escrimeront, là où la mort règne, à donner la vie envers et contre tout.


*


Si je n’ai pas été enthousiasmée par la langue (ou est-ce la traduction ?) d’Emma Donoghue que j’ai trouvé scolaire et parfois trop littérale, je dois avouer avoir passé un incroyable moment de lecture, aussi passionnant qu’instructif.

Je n’ai cessé de me trouver renvoyée au magnifique Hussard sur le toit de Jean Giono – traitant la grippe espagnole avec une maestria inégalée – ainsi qu’au terrible film des Magdalene Sisters de Peter Mullan évoquant l’enfermement des filles considérées comme perdues par leurs familles dans les couvents irlandais.


L’histoire de Julia Power et de ses deux acolytes m’a touchée à un point insoupçonné.

Vivant actuellement une deuxième grossesse, leur combat pour continuer à donner la vie dans des conditions inimaginables a résonné en moi d’une étrange manière. Je ne pouvais m’empêcher de ressentir une immense complicité avec ces patientes capables d’endurer des souffrances allant au-delà de tout, de les partager dans ma chair même parfois, de les vivre tout simplement. J’avais le sentiment de traverser les drames à leurs côtés, dans cette minuscule pièce, berceau de tant de joies et de douleurs.


L’autrice, inspirée par le centenaire de la grande grippe en 2018, subjuguée par le rapport Ryan (2009) sur les institutions accueillant des orphelins en Irlande, et traversée par l’histoire (réelle celle-ci) de la Doctoresse Kathleen Lynn (1874-1955), ne nous épargnait rien de la réalité des vies de ces femmes lors de l’arrivée d’un enfant. Sa documentation, auprès de sage-femmes et de médecins, était d’une précision diabolique et le réalisme qui se dégageait de ses mots littéralement impressionnant.


Page après page, le récit gagnait en intensité – croyez-moi, vous serez bien vite incapable de le lâcher ! – accompagnant le travail harassant de ces soignantes animées par l’énergie du désespoir.

Le roman, grandiose et bouleversant, se muait en splendide leçon d’humanité. Ne pouvant que nous inciter à nous interroger sur l’art de donner la vie, hier et aujourd’hui.



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