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La vie en chantier, Pete Fromm.

Dernière mise à jour : 25 mai 2023


Il m’a fallu 261 pages exactement pour prendre conscience de toute la magie contenue entre les lignes de La vie en chantier de Pete Fromm et les 120 restantes pour avoir envie de l’offrir tout autour de moi.

Ceux qui me lisent régulièrement le savent : je suis une inconditionnelle des romans du ranger devenu écrivain. Pourtant, à la différence de l’inimitable Mon désir le plus ardent, de l’exceptionnel Indian Creek et du fascinant Lac de nulle part, je ne suis pas entrée dans ce dernier roman avec facilité. Pas qu’il soit spécialement difficile non, mais il avait, de prime abord, quelque chose de désincarné. De froid. Et si j’ai conscience qu’il s’agissait, par la plume de l’auteur, de transmettre au lecteur les émotions liées à l’immense dépression dans laquelle était plongé Taz depuis la mort de son aimée, cela résonnait d’une drôle de manière en mon cœur.


*


Marnie et Taz ont tout pour être heureux. Jeunes et énergiques, ils s’aiment, rient et travaillent ensemble. Lorsque Marnie apprend qu’elle est enceinte, leur vie s’en trouve bouleversée, mais le couple est prêt à relever le défi. Avec leurs modestes moyens, ils commencent à retaper leur petite maison de Missoula, dans le Montana, et l’avenir prend des contours plus précis. Mais lorsque Marnie meurt en couches, Taz se retrouve anéanti, avec sa fille nouvellement née sur les bras. Il plonge alors tête la première dans le monde inconnu et étrange de la paternité, un monde de responsabilités, d’insomnies, de doutes et de joies inattendues.


*


N'ayez crainte : ce livre n’a rien du tire-larmes galvaudé. Jamais il ne sombre dans le pathos, la psychologie à la petite semaine et les poncifs éculés sur la paternité. La vie en chantier est un récit tout bonnement magnifique. Il m’a touchée au cœur d’une façon déconcertante, très simplement, sans crier gare. Car Pete Fromm a ce don de passer au tamis tous les détails qui font que le monde est monde pour en révéler la beauté.


Je le disais, il m’a fallu du temps pour m’attacher à ses personnages, goûter leurs réactions, m’amuser de leurs plaisanteries, pleurer contre leur épaule. 261 pages exactement. Car le chapitre intitulé « Jour trois cent soixante-cinq » a agit comme une bombe. Une déflagration dans mes entrailles. Un élan au fond de mon cœur.

Nous y voilà, me suis-je dit. Là où réside la Beauté avec un grand B, la Vérité, le point de non-retour.

J’ai entre les mains un grand roman.


Et une fois cet endroit atteint, je ne pouvais plus m’éloigner de ses personnages. Ils faisaient partie de moi, de ma vie, de mon intimité. J’ai été particulièrement sensible au fait que Midge, l’enfant de Taz et Marnie, soit considérée (littérairement parlant j’entends) comme un être à part entière. Avec son individualité propre. Et non comme un simple bébé qui pleure et ne fait pas ses nuits, comme c’est souvent le cas dans l’imaginaire collectif (et donc dans les fictions). Son père, Taz, est infiniment touchant dans sa façon d’aborder le deuil de celle qui lui était tout. Incapable ne serait-ce qu’oser envisager un avenir sans elle. Et que dire d’Elmo, la baby-sitter de Midge, de son intelligence, de son franc-parler, de sa clairvoyance ?


L’écriture de Pete Fromm est sobre, élégante et sensible. Elle s’attache à l’infime, au petit, à l’invisible et traite du grand, du très grand, de l’incommensurable :

Comment continuer à vivre après la mort de celle que l'on aime ? En donnant la vie, qui plus est, à ce que l’amour nous a donné comme fruit ?

Un texte grandiose. À lire absolument.

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